Avec l’entrée dans un nouveau confinement, professionnels de santé et associations de patients exhortent à ne pas reproduire les erreurs de la première vague et à assurer la continuité des soins. La semaine dernière déjà, les voix des médecins spécialistes s'étaient élevées en faveur du maintien de l'activité des cabinets.
Dans un communiqué commun*, les Ordres des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, chirurgiens-dentistes, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues) « incitent fortement l’ensemble des patients à continuer de consulter leurs praticiens, y compris de ville, notamment dans le cadre du suivi de leurs pathologies et de leurs traitements ».
Il s’agit « impérativement d’éviter les retards de diagnostic et de prise en charge, les pathologies déséquilibrées, les souffrances, les risques de complications et éviter que les patients ne subissent à nouveau une perte de chance dans la prise en charge de leurs pathologies ».
Des « conditions optimales de sécurité sanitaire »
Rappelant l’« engagement sans faille », le « dévouement » et l’« abnégation » des soignants, les Ordres insistent sur les « conditions optimales de sécurité sanitaire » et les « mesures de protection » des patients mises en place pour garantir la continuité des soins dans de bonnes conditions.
De son côté, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) souhaite que « les co-parents restent les bienvenus dans les maternités de France » et appelle à ne pas exclure les co-parents sans symptômes pendant le travail, une éventuelle césarienne ou en suites de couches.
L’inquiétude grandit également chez les associations de patients. La Ligue contre le cancer exige une « sanctuarisation médicale et hospitalière de la prise en charge des personnes malades du cancer », rappelant que « 3 500 à 8 000 vies pourraient être perdues dans les cinq ans » en raison de retards dans les dépistages, les diagnostics et les traitements. L’association maintient son accompagnement des patients via le 0 800 940 939 ou sur Ligue-cancer.net.
Crainte des conséquences d'une saturation des hôpitaux
Inquiète également, l’association Renaloo pour les patients atteints de maladie rénale demande une feuille de route pour garantir le maintien des activités de greffes de reins. « Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour éviter que le scénario du printemps dernier se reproduise », alerte Renaloo, dans un communiqué, alors que la suspension des greffes rénales lors de la première vague a entraîné « 600 greffes rénales de moins qu’en 2019 sur la même période ».
Alertée par l’association, l’Agence de biomédecine a émis des recommandations le 22 septembre stipulant qu’en cas de saturation dans la filière non-Covid d’un établissement, la greffe ne doit pas être annulée mais organisée dans un autre établissement.
Mais, alors que l’épidémie touche l’ensemble du territoire, des craintes apparaissent quant à l’impossibilité de mettre en œuvre cette recommandation. « La situation se dégrade rapidement, observe le Pr Lionel Rostaing, chef du service de greffe rénale au CHU de Grenoble. Dans beaucoup d’hôpitaux, le risque est grand qu’il soit de manière imminente impossible de maintenir une filière Covid négative pour la greffe, mais aussi d’accueillir dans les services de réanimation des donneurs décédés d’organes pour le prélèvement. »
* Communiqué signé par : Patrick Bouet, président du Conseil national de l'Ordre des médecins, Anne-Marie Curat, présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes, Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’Ordre des infirmiers, Serge Fournier, président du Conseil national de l'Ordre des chirurgiens-dentistes, Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, Éric Prou, président du Conseil national de l’Ordre des pédicures-podologues, et Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
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