LE VOTE des étrangers non européens ou la cession de notre droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU ne seraient pas, en temps normal, des sujets négligeables. Ils apparaissent néanmoins, dans cette grave crise qui accable la France et l’Europe, comme des thèmes destinés à provoquer des combats annexes, propres à envoyer dans la mêlée les chevau-légers des deux camps, sans pour autant soulever l’intérêt d’un électorat dont l’inquiétude se nourrit de problèmes bien différents. Le débat sur le nucléaire est d’une autre nature. L’année 2011, en effet, n’a pas été seulement celle de la crise des dettes souveraines, elle a été aussi celle du désastre de Fukushima, qui a soulevé l’angoisse générale, y compris chez ceux qui considèrent comme un atout notre relative indépendance énergétique. Aussi bien les objections des Verts à la poursuite des nos activités nucléaires civiles ne sauraient-elles être balayées d’un revers de la main : nous serions encore plus marris si, pendant que nous luttons contre les déséquilibres économiques et le chômage, nous subissions en outre ce que l’on appelle par euphémisme un « accident industriel » qui, dans le cas d’une centrale nucléaire, serait une catastrophe.
La riposet de Sarkozy.
Une fois que les écologistes ont semé la zizanie à gauche en faisant signer par le PS un accord sur le nucléaire qui, apparemment, allait plus loin que ce que François Hollande proposait pendant les débats précédant son investiture par les socialistes, Nicolas Sarkozy n’a pas fait dans la nuance : il s’est prononcé sans réserves pour la poursuite du nucléaire, sur l’achèvement de l’EPR de Flamanville et même sur le maintien de nos parts de marché à l’exportation. François Hollande, on s’en souvient, avait fait rayer le paragraphe relatif au MOX (combustible nucléaire) dans l’accord conclu avec les écologistes, puis avait consenti à le rétablir ; à droite, on s’est gaussé au sujet d’un accord qui accordait à la fois à EELV une concession essentielle sur la politique énergétique du pays et des circonscriptions ; un autre candidat à la présidence, Jean-Pierre Chevènement dénonçait la « secte fanatique » des Verts ; et on avait vaguement le sentiment qu’un président Hollande ne ferait pas de la disparition du nucléaire civil son premier cheval de bataille. Dans une tribune publiée lundi par « le Monde », le candidat socialiste a mis les choses au point : s’il est élu, il fera adopter une loi de transition énergétique qui, d’ici à 2025, réduirait de 75 à 50 % la part de l’atome dans la production de notre électricité, l’arrêt de Fessenheim, le maintien de Flamanville, la décision de ne plus construire aucune autre centrale nucléaire, le maintien du traitement des déchets.
AVEC SON PROJET DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, HOLLANDE PREND UN RISQUE
Ce programme est peut-être un moyen terme entre les exigences des écologistes et la volonté de ne rien changer de M. Sarkozy. Mais il est en opposition absolue avec le point de vue de M. Sarkozy. Pas seulement parce qu’on discutera d’énergie en plein hiver mais parce que, au moment où l’on pense que, parmi les moyens de lutter contre la crise, la réindustrialisation de la France devient indispensable (la part de nos usines dans la richesse nationale est de 12,5 % quand elle est de 22 % en Allemagne), le démantèlement, fût-il progressif des nos réacteurs apparaîtra à bon nombre d’électeurs comme un remède susceptible de tuer le malade. Il y a, bien sûr, les promoteurs du nucléaire, présents dans tous les partis, qui se dressent déjà comme un seul homme contre le projet PS-EELV au nom du développement industriel et de la souveraineté nationale. Mais il y a surtout les votants qui penseront qu’il vaudrait mieux attendre que nous retrouvions un peu de prospérité avant de procéder à la « transition énergétique ». Il n’est pas difficile de démontrer en effet que le démantèlement des centrales coûte au moins aussi cher que leur construction ; que la gauche au pouvoir accomplirait un miracle si elle parvenait à compenser watt pour watt la production d’électricité nucléaire par des énergies renouvelables et donc que le pari de M. Hollande est très risqué. Alors que M. Sarkozy nous propose de continuer comme par le passé en apportant à la production d’énergie nucléaire les contrôles et les garanties de sécurité qu’exigent les autorités de surveillance.
Le débat sera riche : d’un côté, risque de chômage accru, de pénurié énergétique, d’affaiblissement économique dans une crise qui nous a déjà épuisés ; de l’autre, condamnation sans appel d’une industrie dont on ne peut pas éliminer les déchets radioactifs, dont on ne prévoit jamais assez les vulnérabilités aux éléments et aux séismes, comme à Fukushima, ni aux actes de terrorisme éventuels. Il accentuera le fossé entre la droite et la gauche parce que le PS a décidé de rejoindre, au moins partiellement, le point de vue des écologistes.
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