TONY MEILHON, condamné quinze fois par le passé, aurait tué Laëtitia Perrais, aurait découpé son corps en morceaux et les aurait jetés dans un étang où une partie du cadavre a été retrouvée. Il aurait donc commis un crime particulièrement horrible. M. Sarkozy, qui se mêle autant des faits-divers que du reste de l’actualité, a aussitôt exprimé sa colère. En voyage à Orléans jeudi dernier, il a déclaré : « Notre devoir, c’est de protéger la société de ces monstres (...) Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s’assurer qu’il sera suivi par un conseiller d’insertion, c’est une faute ».
Le président se doutait qu’il allait soulever un tollé dans la magistrature qui, d’ailleurs, a reçu le soutien de la police. On ne lui niera pas la capacité à s’émouvoir et à s’indigner d’un crime odieux. Aussi bien, les Français réagissent avec une colère identique à la sienne. Sa démarche n’en est pas moins dictée par des considérations politiques et électorales et elle a le défaut d’être répétitive. Le chef de l’État cherche toujours un responsable dans des affaires où sa propre gestion des dossiers devrait être contestée.
MÊME D’UN POINT DE VUE ÉLECTORAL, LA MÉTHODE EST CONTESTABLE
La première idée qui vient à l’esprit, c’est que, de toute évidence, le volume accablant des lois sécuritaires qui ont été votées pendant son mandat n’a pas porté ses fruits ; et que légiférer ne règle pas le problème. La seconde, c’est que le président de la République ne peut pas écarter d’une pichenette les objections formulées par les magistrats : ils soulignent en effet que la réforme du système judiciaire, la nécessité de limiter la dépense publique, les fermetures de tribunaux, l’insuffisance du recrutement des juges expliquent, que, loin d’avoir été surveillé, Tony Meilhon était libre de déchaîner ses pulsions. M. Sarkozy ne peut pas se vanter à la fois de faire des économies et d’obtenir des services publics une performance idéale.
Le cas de Tony Meilhon est scandaleux, mais « Le Figaro » de vendredi dernier indiquait que 100 000 peines de prison ne sont pas exécutées, parce qu’il n’y a pas assez de fonctionnaires pour donner une suite concrète au verdict ou parce que les mis en examen ne se présentent pas à l’audience et doivent être ensuite recherchées par la police. En 2005, rappelle « Le Figaro », un rapport du président de la Commission des lois à l’Assemblée, Jean-Luc Warsmann, soulignait que des dizaines de milliers de jugements attendaient dans des cartons d’être exécutés. À quoi il faut ajouter que le gouvernement encourage la non application des peines les plus légères pour désengorger les prisons. Bref, pour être efficace, la justice coûterait deux ou trois fois plus cher.
Les contradictions du gouvernement.
Dans ces conditions, s’en prendre à des juges chargés du suivi des criminels, qui gèrent deux à trois fois le nombre maximum de dossiers qu’ils pourraient humainement traiter, c’est porter sur un tout petit nombre une responsabilité que partage le gouvernement, dont les contradictions sont nombreuses, puisqu’il exige une justice sévère bien qu’il ne lui en donne pas les moyens et qu’il n’y a pas assez de prisons pour contenir tous ceux qu’il veut y mettre. L’ultime contradiction, c’est celle qui consiste à s’en prendre au monde judiciaire avec l’autorité d’un patron qui ne respecte guère le troisième pouvoir, mais avec l’espoir que cette attitude rapportera de nouveaux électeurs. D’une part, ceux-ci ne sont pas dupes d’un discours prononcé toujours après le crime qu’un foisonnement de dispositions n’a pas pu prévenir, quand ils préfèreraient que le crime ne se produisît point. D’autre part, M. Sarkozy qui, décidément, ne parvient pas à corriger son image de diviseur, ne cesse de défier un nombre élevé de catégories professionnelles et s’aliène de la sorte ceux qui les composent : ce sont les magistrats (et pas pour la première fois), ce fut la police à plusieurs reprises, c’étaient hier les enseignants ou les syndicalistes. Pourtant, ils votent tous. On essaie de nous faire croire que, pour séduire 10 électeurs du Front national, il faut en perdre des milliers ailleurs.
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