Depuis 2007, il est possible d’installer des défibrillateurs automatisés externes dans les lieux publics. Pour autant, il n’existe ni obligation ni recommandations particulières quant à leur répartition. Le centre d’expertise mort subite, (Hôpital Européen Georges Pompidou, Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris) s’est donné, entre autres buts, de fournir les données nécessaires à l’optimisation de la disposition des défibrillateurs. Avec l’aide du SAMU et des sapeurs pompiers parisiens, les épidémiologistes de ce centre ont géolocalisé l’ensemble des 1 255 arrêts cardiaques survenus sur la voie publique parisienne entre 2000 et 2010. Selon leurs résultats publiés dans « Circulation », les gares ferroviaires sont les lieux de la capitale où surviennent le plus d’arrêts cardiaques : 12 % des arrêts cardiaques y sont concentrés alors qu’elles ne représentent que 0,75 % de la surface parisienne.
Moins d’incidents dans les lieux touristiques
Les chercheurs ont découpé Paris en 2 020 cases de 200 m de côté afin d’y mesurer la densité d’arrêts cardiaques. Leur première découverte est que le nombre d’arrêts cardiaques n’est pas tant lié à la densité de la population qu’à l’importance de ses mouvements. En effet, 1,43 arrêt cardiaque est survenu en moyenne dans les cases où les mouvements de populations sont les plus importants, contre 0,22 dans celles où les mouvements sont les plus faibles. « Ce genre d’endroit où les mouvements de population sont importants se divise en deux catégories : les lieux touristiques et les gares », explique au « Quotidien » le Pr Xavier Jouven, directeur du centre d’expertise mort subite, qui a dirigé l’étude. En comparant chaque lieu touristique avec une gare équivalente en terme de fréquentation, les auteurs ont cependant observé de grosses différences : le nombre d’arrêt cardiaque était par exemple trois fois plus important dans la Gare de Lyon que dans le Parc des expositions. Le constat était le même en comparant la gare Montparnasse à l’église Notre-Dame ou le musée du Louvre à la Gare du Nord. « Les populations qui fréquentent ces endroits ont pourtant à peu près les mêmes caractéristiques », s’étonne le Pr Jouven.
Le stress du voyageur, suspect numéro un
Comment expliquer cette hécatombe ferroviaire ? Le Pr Jouven préfère rester prudent : « l’étude n’est pas dimensionnée pour répondre spécifiquement à cette question », précise-t-il. Une explication possible pourrait cependant résider dans le stress psychique qu’expérimentent les voyageurs, induit par la foule et la peur de rater son train. « La stimulation adrénergique augmente le rythme cardiaque, rappelle le Pr Jouven, elle provoque aussi une augmentation de l’excitabilité du cœur. Les passagers auraient donc un risque augmenté de faire un infarctus ». Selon le Dr Eloi Marijon, premier auteur de l’étude, « on sait déjà que la survie après un arrêt cardiaque dans les départements français est corrélée à l’installation de défibrillateurs dans les lieux publics. Il faut maintenant assumer le fait que l’on ne peut pas en installer partout et qu’il faut se concentrer sur les lieux qui en ont vraiment besoin. » Le principal défi pour améliorer l’efficacité des défibrillateurs reste la formation et l’information du public. « Quand un arrêt cardiaque survient devant des témoins avec un défibrillateur à proximité, ce dispositif n’est pas utilisé entre une fois sur trois et une fois sur deux. Soit parce qu’il n’est pas visible, soit parce que les témoins n’osent pas s’en servir », regrette le Dr Marijon.
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