L’OFFRE EST PLÉTHORIQUE : 7 millions de sites pornographiques sur le web. Parmi les consommateurs, 30 % sont des adolescents. Ils vont sur ces sites « pour savoir ce que les meufs aiment », répondent ceux qu’interroge le Pr Israël Nisand lors de ses interventions en milieu scolaire.
Les jeunes sont en contact avec ces images de plus en plus tôt, avant l’âge de 14 ans pour les trois quarts d’entre eux et, ne se rendent pas compte que la pornographie caricature, impose une norme, valide la performance et au total désinforme. Fait nouveau, les filles en sont également consommatrices. Ubiquitaire, la pornographie est aujourd’hui devenue le moyen principal d’éducation à la sexualité, estime Israël Nisand, une sexualité qui se trouve réduite là à une technique. « La pornographie est un traité sur la virilité qui consacre la suprématie du vrai homme, fait l’apologie de l’érection, de la pénétration », souligne le Pr Nisand qui voit une connexion entre pornographie et violence. Elle a « par ailleurs un caractère prescriptif qui est aussi source d’anxiété pour les jeunes », poursuit-il. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à s’interroger sur la conformité de leur sexe aux canons en vigueur et, chez les jeunes filles, les demandes de nymphoplastie progressent.
Pas de sentiments.
Réduite à une technique, la sexualité ne s’embarrasse pas de sentiments : 93 % des garçons et 84 % des filles estiment que l’on peut avoir des rapports sexuels sans être amoureux. « Cela aura inévitablement des conséquences sur leur capacité plus tard à nouer une relation amoureuse stable », souligne le gynécologue-obstétricien. Difficile pour ce spécialiste de ne pas relier cette place croissante prise par la pornographie à l’augmentation des viols de mineurs commis par des mineurs : 983 enfants condamnées pour agression sexuelle en 2002, 1 392 en 2006, 3 169 en 2011, des chiffres très certainement sous estimés.
Parmi les effets négatifs de l’hypersexualisation, relevés par le Pr Nisand : une plus grande précocité des rapports sexuels - aujourd’hui 25 % des garçons et 15 % des filles ont un premier rapport avant l’âge de 15 ans -, une augmentation du nombre de partenaires et de la fréquence des relations avec des partenaires plus âgés. Pour Israël Nisand, « la sexualité précoce des jeunes n’est pas une liberté mais une geôle où les femmes sont subordonnées au désir masculin. »
Face à cette situation, le Pr Nisand fait plusieurs propositions. Tout d’abord, une prévention à l’école avec une information et une éducation à la sexualité, débutée dès l’âge de 4 ans avec des programmes spécifiques à chaque âge, comme le prévoit la loi de 2001 qui est malheureusement peu appliquée. Les parents également doivent être informés et sensibilisés sur les dangers de la pornographie : « Il faut leur expliquer, plaide le Pr Nisand, qu’elle fait du mal à leurs enfants. » Sur un plan pratique enfin, l’accès aux images pornographiques sur Internet ne doit être, selon lui, possible qu’après avoir donné un numéro de carte bancaire. Il préconise également la mise en place d’une « Nétiquette » sur les réseaux sociaux.
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