Erreur médicale à Strasbourg

La sanction « était disproportionnée », le chirurgien finalement interdit d’exercice pendant un an

Publié le 09/05/2012
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Mise à jour :

La chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins a statué le 1er octobre 2012. Jugeant que la radiation à vie initialement prononcée à l’encontre du Dr Jean-Pierre Giolitto était « disproportionnée », notamment parce qu’elle n’avait « pas tenu compte de la dimension collective de l’erreur commise », elle l’a annulée pour prononcer une nouvelle sanction autrement moins sévère : interdiction d’exercer la médecine pendant un an, laquelle s’est achevée le 19 mai 2013 à minuit.


Première publication le 9 mai 2012

Le chirurgien radié à vie par l’Ordre

Le Dr Jean-Pierre Giolitto, suspendu pour avoir retiré par erreur, le 13 mars dernier à la clinique Sainte Anne de Strasbourg, le rein sain d’une patiente au lieu du rein atteint d’une tumeur, vient d’être radié à vie par l’Ordre régional des médecins d’Alsace.

Le chirurgien dispose toutefois de trente jours pour faire appel de cette sanction devant l’Ordre national, l’appel étant suspensif. Toutefois, il reste dans tous les cas interdit d’exercice jusqu’en août prochain, suite à la suspension prononcée contre lui par l’Agence Régionale de la Santé au lendemain de la néphrectomie pratiquée à Sainte Anne. S’il fait appel de sa radiation, comme c’est très souvent le cas dans ce genre d’affaires, l’Ordre national pourrait toutefois statuer rapidement sur son cas, pour éviter, d’ici août, un nouveau flou dans sa situation. En moyenne, l’Ordre national « retoque » environ un tiers des décisions des ordres régionaux.

Le Dr François-Xavier Ley, président de l’Ordre régional des médecins d’Alsace depuis 2007, explique que la radiation a été prononcée suite à l’erreur commise à Strasbourg, dont le Dr Giolitto est « personnellement responsable ». « Il s’est trompé de feuille de transmission et a ainsi enlevé le rein droit au lieu du gauche », précise-t-il ; comme l’ablation a été pratiquée par coelioscopie, il ne s’est aperçu du problème qu’une fois le rein extrait. Pour l’Ordre, il s’agit d’une faute grave, alors que dans l’affaire du jeune homme mort à Reims en 2006 pendant une opération, le chirurgien pouvait invoquer l’aléa thérapeutique. Un procès en cassation est actuellement en cours suite à la condamnation du médecin dans cette affaire. Il a été par ailleurs condamné en avril dernier, toujours à Reims, à dix-huit mois de prison avec sursis pour une série d’opérations sur une patiente devenue incontinente après celles-ci. En outre, une quatrième affaire, suite à une plainte déposée il y a trois semaines par un autre ancien patient à Reims, qui souffre de séquelles après une opération de la prostate, pourrait prochainement alourdir encore le dossier du chirurgien. En ce qui concerne la radiation ordinale à vie, rappelle enfin le Dr Ley, tout médecin radié peut demander au bout de trois ans un réexamen de son affaire, mais il est exceptionnel, même dans ce cas, qu’une radiation soit annulée.

› DE NOTRE CORRESPONDANT

 DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9123