Frottis de dépistage

L'apport d'un génotypage HPV 16 et 18

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Publié le 16/06/2016

Actuellement en France, le dépistage du cancer du col utérin repose sur un frottis cervico-utérin tri-annuel après 25 ans, que les femmes soient vaccinées ou pas. Pour l'examen de ces frottis réalisés en milieu conventionnel ou liquide, seule l'analyse cytologique est recommandée aujourd'hui par la HAS, pour qui « la mise en œuvre du test pour la détection des papilloma virus humains (HPV) en dépistage primaire en population générale est prématurée (1) ». Autrement dit, la recherche d'HPV, qui porte classiquement sur un pool de 14 sérotypes à haut risque, n'est pas aujourd'hui préconisée en France. Tandis que, Outre Atlantique, passé 30 ans, le dépistage combine l'analyse cytologique plus la recherche d'HPV tous les 5 ans.

Or une étude menée sur une vaste population plaide pour une analyse génotypique des frottis centrée sur les génotypes HPV 18 et 16. Ces deux génotypes étant à eux seuls les principaux contributeurs aux néoplasies cervicales intraépithéliales de grade 3 (ICN3) dans cette cohorte.

L'étude porte sur les données à l'inclusion d'ATHENA, une étude prospective rassemblant plus de 40 000 femmes de plus de 25 ans. Les frottis recueillis en milieu liquide ont été analysés par examen cytologie classique plus un test génotypique portant sur 16 génotypes HPV considérés à haut risque de cancer (dont HPV 16 et 18). Une biopsie était réalisée lors de cytologie anormale ou de test HPV positif.

Ces femmes ont 42 ans d'âge médian et seules 1,2 % étaient vaccinées.

Le taux de frottis porteurs d’HPV est en moyenne de 10 %, et décroît avec l'âge, passant de 18 % avant 30 ans à 6 % après 50 ans. Parmi les HPV à haut risque dépistés, l’HPV 16 est le plus prévalent dans toutes les classes d'âge. Il est présent en moyenne chez 1,6 % des femmes. Le second le plus prévalent est le HP52 (1 %). Enfin, on observe de nombreuses co-infections par plusieurs HPV, surtout avec le HPV16.

Ces résultats sont superposables chez l'ensemble des femmes ayant un frottis cytologiquement normal. A contrario, au sein des frottis à cytologie anormale, les HPV à haut risque sont trois fois plus souvent présents : la prévalence atteint les 30 %. Enfin, dans les néoplasies cervicales, la prévalence d’HPV 16 et 18 augmente avec la sévérité de la maladie, notamment entre les grades 2 et 3 et plus.

Au total, dans les CIN de grade supérieur ou égal à 3, on est à 46 % d’HPV 16 et 8 % d’HPV 18. Et parmi les 6 cancers détectés dans cette cohorte, HPV 18 est présent dans 50 % des cas et HPV 16 dans 17 %.

Ces résultats montrent que, parmi les HPV à haut risque, l’HPV 16 est le plus prévalent en population. Chez les femmes de plus de 30 ans à cytologie négative, HPV 16 et HPV 18 sont associés au plus haut risque de néoplasies CIN 3. À tout âge l'HPV 16 joue un rôle majeur dans le développement de ces tumeurs précancéreuses. Quand les HPV18 sont significativement impliqués dans les adénocarcinomes et les cancers du col utérin.

Pour les auteurs cette étude plaide donc pour la recherche ciblée des génotypes 16 et 18 lors du dépistage alors que, pour les autres génotypes, une identification poolée semble suffisante.

(1) Recommandations pour le dépistage du cancer du col de l'utérus en France. HAS 2010

(2) J Monsenego et al. Prevalence of high-risk human papilloma virus genotypes and associated risk of cervical precancerous lesions in large US screening population : Data from the ATHENA trial. Gynecol Oncol 2015; 137:47-54

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du médecin: 9505