Hausse des morts sur les routes

L’assouplissement du permis pointé du doigt

Publié le 14/02/2011
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Crédit photo : AFP

« NOUS NE LAISSERONS pas quatre semaines de hausse remettre en cause près de dix ans d’efforts et de succès » en matière de sécurité routière, a prévenu le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux en confirmant le bond de 21,2 %, en janvier, du nombre des tués sur les routes (de France métropolitaine), soit 331 personnes contre 267 en janvier 2010. Les associations lient ces mauvais chiffres à l’annonce, en décembre, de l’assouplissement du permis de conduire à points, un volet qui a finalement été adopté, la semaine dernière, par le Parlement dans le cadre du vote de la loi sur la sécurité intérieure (LOPPSI 2). L’assouplissement consiste en une réduction du délai nécessaire pour reconstituer ses points.

« C’est un véritable crève-cœur de voir nos pires appréhensions confirmées », a affirmé Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. Le Pr Claude Got, spécialiste de sécurité routière depuis plus de 40 ans, a également souligné que « ses pronostics pessimistes sur les effets nocifs de l’affaiblissement du permis à points dans la LOPPSI 2 étaient au-dessous de la réalité ». Pour l’Automobile-Club médical de France (ACMF), qui rassemble 20 000 adhérents professionnels de santé, « une telle augmentation ne peut être un simple hasard lié aux fluctuations aléatoires ». Les mesures d’assouplissement « portent à l’évidence en elles les germes de cette dégradation de l’accidentalité », assure l’association. L’ACMF, qui rappelle qu’en matière de sécurité routière, les usagers sont « particulièrement réactifs et adaptent toujours leur comportement en anticipant les mesures à venir », s’inquiète donc « plus que jamais de ces signaux négatifs ».

Le chef de l’État a répété, fin janvier, avoir comme « objectif de passer sous le seuil des 3 000 morts sur la route en 2012 », demandant une multiplication des actions pour « amplifier » les résultats de 2010. Un objectif « hors de portée pour l’année prochaine », estime l’ACMF. L’an dernier, le nombre de tués sur les routes avait baissé pour la neuvième année consécutive, passant pour la première fois sous le seuil des 4 000 morts.

Entre autres actions, 1 000 radars supplémentaires seront sur le bord des routes d’ici à 2012 et les PV électroniques seront généralisés. L’éducation et la prévention seront renforcées, a promis Brice Hortefeux, avec « dès la rentrée 2011, un module "sécurité routière" obligatoire dans les lycées ». Pour les pilotes de motocyclettes légères, « la formation obligatoire passe désormais de trois à sept heures », tandis que « pour les conducteurs novices ou les personnes âgées, la mise en place de formations complémentaires sera favorisée ». Par ailleurs, les préfets devront établir « département par département, un diagnostic approfondi des causes des accidents et une cartographie des axes routiers les plus dangereux sera réalisée pour adapter la politique de sécurité routière aux réalités locales ». Le ministre a également souligné que les préfets pourront immobiliser ou mettre en fourrière les véhicules des conducteurs ayant eu un comportement particulièrement dangereux. La durée d’une suspension administrative du permis de conduire passera de six mois à un an.

Pour le Pr Got, il était important de ne pas minimiser l’importance des mauvais résultats de janvier 2011. Le ministre doit maintenant « se donner le temps de consulter, écouter et définir les nouvelles mesures qui lui permettront de remettre en route une politique qui était en perte de vitesse depuis trois ans », a-t-il ajouté.

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8906