Ils ne viennent pas en Italie pour admirer la fontaine de Trevi, découvrir le syndrome de Stendhal en s’extasiant devant les tableaux du Caravage ou écouter le pape François place Saint-Pierre... non, ils se rendent dans la péninsule pour se faire soigner.
C’est là le paradoxe : la santé italienne est malmenée par la presse et les patients décrivent souvent un système de soins en pleine dérive. Pourtant, selon une étude effectuée par la prestigieuse université milanaise, la Bocconi, spécialisée dans l’économie et la finance, le chiffre d’affaires annuel du tourisme médical transalpin tourne autour de 12 milliards d’euros. Il s’agit essentiellement d’un tourisme de luxe qui séduit chaque année quatre à cinq mille personnes principalement originaires des pays arabes (Dubaï, Arabie Saoudite, Koweït, Oman), mais aussi la Suisse, la Russie et l’Albanie. Ces patients sont prêts, selon le portrait robot dressé par l’université de la Bocconi, à dépenser entre 20 000 et 70 000 euros pour une intervention dans des structures publiques ou conventionnées, spécialisées en neurologie, chirurgie cardiaque, oncologie ou orthopédie.
Des formules santé-tourisme
Pour satisfaire cette nouvelle clientèle qui leur permet de compenser les pertes dues au moindre recours des Italiens étranglés par la crise, les structures s’organisent. À Milan par exemple, l’hôpital privé Humanitas qui reçoit presque mille patients étrangers par an dont un quart est hospitalisé, a recruté des interprètes et des traducteurs pour transcrire les dossiers médicaux. Les effectifs paramédicaux nocturnes ont été doublés et un service de navettes organisé pour récupérer les patients à l’aéroport et les réaccompagner. Enfin, des chambres ont été aménagées pour accueillir les accompagnateurs et des conventions signées avec les hôtels les plus proches.
Des plans de communication ont aussi été mis en place pour élargir la clientèle. Ainsi, plusieurs établissements conventionnés comme l’hôpital milanais San Raffaele, une référence dans le milieu médical international, ont participé il y a quelques mois au salon de la santé à Dubaï. Objectif : présenter les produits, les équipes médicales et contacter des agences de voyage. L’idée est en effet d’organiser des formules santé-tourisme, en incluant des activités artistiques comme la visite des musées pour les accompagnateurs des patients. « Le phénomène des brokers internationaux qui organisent des formules tout compris autour du patient est en train de monter en puissance », a récemment expliqué le Pr Federico Lega de l’université Bocconi.
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