Les parents d'un enfant handicapé se retrouvent plus souvent en position de faiblesse sur le marché de l'emploi, ce qui les conduit à une plus grande fragilité économique, met en évidence un travail de la Direction générale de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), publiée ce 6 novembre. Un fardeau qui touche surtout les mères seules.
Les chercheurs se sont penchés sur les 292 000 ménages (4 % de tous les ménages avec un enfant de moins de 20 ans) qui touchent l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH), une prestation destinée à compenser les dépenses en matière de soins et d'éducation, versée sans condition de ressources, en fonction du taux d'incapacité de l'enfant.
Des parents plus âgés et moins diplômés
Les parents touchant l'AEEH pour leur enfant sont plus souvent plus âgés que les autres - ce qui peut s'expliquer par le temps pris à reconnaître et faire reconnaître un handicap - et moins diplômés. Quelque 30 % des ménages touchant l'AEEH pour leur enfant sont des familles monoparentales, soit 7 points de plus que les autres ménages. Un phénomène particulièrement marqué pour les femmes moins diplômées et âgées de plus de 40 ans.
Les familles nombreuses, de trois enfants ou plus, sont aussi surreprésentées parmi les ménages qui touchent l'AEEH. Ainsi, trois familles sur 10 bénéficiant de l'allocation sont nombreuses, alors qu'on en recense que deux sur 10 chez les ménages non bénéficiaires ; et trois familles bénéficiaires de l’AEEH sur10 ne comptent qu’un enfant, contre quatre sur dix parmi les non-bénéficiaires.
Des mères sans emploi ou à temps partiel
Les parents touchés par le handicap se retrouvent plus souvent éloignés de l'emploi. Ainsi, parmi les familles monoparentales, 51 % des parents avec un enfant handicapé ne travaillent pas, vs 29 % des parents avec des enfants sans handicap. Et au sein des couples, la différence entre les deux groupes est de 17 points, avec les deux parents actifs dans seulement 53 % des ménages touchés par le handicap.
Les femmes sont les premières affectées : seulement 54 % de celles qui sont en couple et bénéficient de l'AEEH travaillent, contre 74 % de celles qui ne touchent pas d'allocation pour leur enfant. L'écart entre les pères est en revanche minime (82 % vs 88 %). Par ailleurs, 37 % des mères d'enfants handicapés sont « inactives » (ni au travail, ni au chômage), une situation qui concerne 19 % des autres mères et seulement 10 % des pères touchant l'AEEH, voire 6 % de ceux sans AEEH.
« Il est beaucoup plus fréquent que les mères bénéficiaires de l’AEEH déclarent ne pas souhaiter ou ne pas chercher à travailler afin de s’occuper d’un enfant ou d’aider une personne dépendante. C’est le cas de 21 % des mères d’un enfant handicapé, contre 8 % des autres mères, soit 2,5 fois plus », lit-on, voire encore plus lorsque l'enfant a moins de trois ans.
Par ailleurs, les parents d'enfant handicapé travaillent plus souvent à temps partiel. C'est le cas de 42 % de ces mères, contre 31 % des autres mères. Les pères eux semblent beaucoup moins concernés : le temps partiel concerne 8 % de ceux bénéficiant de l'AEEH, 4 % des autres.
Plus faible niveau de vie
En raison de cette moindre activité, les parents d'un enfant avec handicap se retrouvent avec un niveau de vie plus faible que les autres, d'en moyenne 1 567 euros soit 272 euros de moins que les autres ménages. Ils sont plus nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté (24 % vs 17 %). Les auteurs soulignent que le lien entre handicap et précarité s'explique par la vie professionnelle des parents : « Quand les deux travaillent à temps plein, les niveaux de vie mensuels sont très proches. Et, à situation équivalente par rapport à l’emploi, les ménages ayant un enfant handicapé ne sont pas plus souvent exposés à la pauvreté », lit-on. Enfin, la DREES atteste bien d'un effet compensatoire de l'AEEH pour les familles qui en bénéficient.
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