À l’occasion de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, les ministres de la Santé, Marisol Touraine, et de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, se sont rendus à l’Institut Pasteur pour une visite du laboratoire du Pr François-Xavier Weill, centre national de référence depuis 1972 des Escherichia coli, Shigella et Salmonella. Sur ses paillasses, les quatre scientifiques et la dizaine de techniciens analysent quelque 12 000 souches bactériennes (salmonelles), pour déterminer leur sérotype, participer à la surveillance épidémiologique et observer les éventuelles résistances.
L’enjeu est crucial : selon les autorités européennes, 25 000 décès sont dus à une antibiorésistance. Si la France est passée du premier rang, en 2001, au troisième rang des pays consommateurs d’antibiotiques, « ils restent trop prescrits », constate Marisol Touraine, qui prône une stratégie de « santé globale », impliquant la santé humaine et animale.
Du bon usage des antibiotiques
La ministre de la Santé a annoncé une batterie de mesures destinées à réduire l’antibiorésistance. Elle entend d’abord favoriser le bon usage des médicaments en généralisant un référentiel hospitalier dans tous les établissements, en particulier les maisons de retraite. À destination de la ville, le réseau de conseil sur les antibiotiques devrait être étendu sur tout le territoire.
L’utilisation des tests rapides d’orientation et de dépistage (TROD) est encouragée pour déterminer l’origine bactérienne des pathologies et rendre plus pertinentes les prescriptions. « Si une angine est d’origine virale, il n’y a pas besoin d’antibiotique », illustre Marisol Touraine.
De même, la limitation de la durée de prescription et de la délivrance de certains antibiotiques les plus générateurs de résistance est préconisée. « Nous ne sommes pas en état de faire des ordonnances réservées, mais il faut des mesures quantitatives dès 2014 », a indiqué le directeur de l’agence nationale de sécurité du médicament, le Pr Dominique Maraninchi.
Protéger les antibiotiques critiques
Marisol Touraine a rappelé l’expérimentation dans 200 à 300 officines volontaires de la délivrance à l’unité de certains antibiotiques, prévue dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 pour réguler la consommation et la prescription. « Quelque 20 % des médicaments dormants dans les armoires sont des antibiotiques. La moitié des médicaments remboursés ne sont pas consommés », a-t-elle insisté. La réserve hospitalière sera aussi renforcée.
La ministre a annoncé que la France proposera au niveau européen une discussion pour mettre en place un statut particulier pour les antibiotiques, afin de maintenir les vieux antibiotiques sur le marché, tout en incitant le développement des nouveaux médicaments.
Le ministre de l’Agriculture a souligné son ambition de réduire l’exposition antibiotique chez l’animal. Des référents en médecine vétérinaire devraient être mis en place pour la prescription des médicaments critiques. Un objectif chiffré pour l’homme sera fixé dans le cadre du projet de loi d’avenir de l’agriculture discuté au parlement en janvier. « Nous devons lancer l’offensive au niveau européen, c’est un combat commun », a-t-il insisté. Il a notamment jugé préoccupant certaines pratiques des pays limitrophes. « On ne peut pas banaliser les produits, et les laisser à un coût très bas, ce qui a pour effet d’en augmenter la prescription. »
Enfin, l’information des citoyens et des professionnels sera renforcée par la mise en place d’un nouvel indicateur hospitalier de suivi de l’exposition aux antibiotiques (ICATB 2), qui sera public, tandis que la Caisse nationale d’assurance-maladie lance dès aujourd’hui une campagne d’information sur Internet à destination des actifs et des jeunes parents.
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