Il a fallu cinq heures d’une discussion animée, lors de la cinquième réunion du comité international de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le MERS-CoV, pour arriver à la décision de ne pas déclarer l’état « d’urgence de santé publique de niveau globale » face à la forte augmentation des infections par le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV). « Certains membres du comité étaient en faveur de cet état d’urgence », a cependant reconnu Keiji Fukuda, sous-directeur général en charge de la sécurité sanitaire de l’OMS. L’épidémie a connu une brusque accélération en Arabie Saoudite lors du mois d’avril pendant lequel 288 infections ont eu lieu, soit à peu près autant que depuis le début de l’épidémie. Le 7 mai dernier, un point de l’OMS faisait état de 496 cas confirmés, mais Keiji Fukuda a évoqué un total de 571 cas confirmés par laboratoire lors de la conférence de presse. Par ailleurs, le nombre de cas en dehors de la péninsule arabique a aussi sensiblement augmenté. Un premier cas importé a été identifié mercredi aux Pays-Bas, tandis que les CDC américains ont annoncé mardi l’existence d’un troisième cas suspect : il s’agissait d’un des membres de l’équipe médicale chargée de soigner le premier cas identifié sur le sol américain le 2 mai dernier.
« Le consensus sur lequel nous sommes tombés d’accord, est que la situation a gagné en urgence et en gravité mais qu’il ne s’agit pas à ce stade d’une situation d’urgence internationale », a précisé Keiji Fukuda, qui a rappelé l’importance du suivi des mesures de préventions de l’infection et des recommandations concernant l’isolation des malades confirmés.
Le non-respect des règles de précaution en cause
Le non-respect de ces règles sanitaires expliquerait en grande partie l’explosion du nombre d’infections hospitalières. L’OMS a notamment dépêché, du 28 avril au 5 mai, une mission d’inspection à l’hôpital de Djebba (135 des cas du mois d’avril proviennent de ce seul hôpital) pour y constater des manquements à des règles pourtant élémentaires comme le port de masque dans la salle d’attente ou le lavage des mains entre deux patients. De même, des patients passaient plusieurs heures en compagnie de cas suspect dans la même salle d’attente. Un tel constat a de quoi surprendre, alors que l’OMS est en action depuis deux ans sur le terrain.
La recrudescence des cas laisse aussi présager l’existence d’un possible effet saisonnier du virus lié à une augmentation de sa circulation dans le réservoir animal, ce qui accréditerait encore un peu plus la piste du chameau comme réservoir intermédiaire. « Le printemps est une période de l’année où il y a beaucoup de jeunes chameaux qui sont plus sensibles au virus », a expliqué Keiji Fukuda. Une autre explication, plus anxiogène, serait celle d’une augmentation de la transmissibilité interhumaine du virus. Selon Keiji Fukuda, il n’existe pour le moment aucun élément pour le prouver : « Si l’on s’intéresse aux proches des malades du mois d’avril, on ne retrouve pas plus de cas contacts par malade que les années passées. » En outre, aucune communauté n’a été totalement ou en grande partie infectée à ce jour. L’OMS précise également que les cinq versions du virus les plus récemment séquencées sont génétiquement très proches de celles isolées en 2013.
Risque de propagation en Afrique subsaharienne
L’OMS craint désormais la propagation par les biais des pèlerins se rendant à La Mecque : le Hadj 2014 devrait se dérouler entre le 30 septembre et le 7 octobre. Le retour des pèlerins dans les pays d’Afrique subsaharienne moins sensibilisés au dépistage et à la prise en charge des infections par le MERS-CoV pourrait en effet poser problème. « Nous allons nous rapprocher de ces pays pour qu’ils sensibilisent leur population et qu’une information soit délivrée dans leurs centres de soin », a précisé Keiji Fukuda.
L’OMS a également appelé à une augmentation du nombre d’études cas contrôle pour comprendre le fonctionnement du virus, et principalement son mode de transmission qui reste à clarifier. « Nous savons qu’il se transmet très probablement par des gouttelettes respiratoires, mais il y a d’autres vecteurs qui nous échappent », a confirmé Keiji Fukuda. Une nouvelle réunion du comité international de l’OMS sur le MERS-CoV doit intervenir d’ici « six à sept semaines », a-t-il conclu.
Le taux de micro/nanoplastiques dans l’athérome carotidien est associé à la sévérité des symptômes
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé