À l’occasion de la journée mondiale du suicide, ce mercredi 8 octobre, la ministre déléguée à l’autonomie Michèle Delaunay a dévoilé les grands axes d’un plan d’action contre le suicide des personnes âgées, inspirés du rapport du comité national pour la bientraitance et les droits des âgés et des handicapés (CNBD).« Je veux que mon plan d’action soit compris en tant que partie non législative dans la loi sur l’accompagnement du vieillissement en 2014 », a annoncé la ministre.
« Les personnes âgées de plus de 65 ans représentent la tranche de la population la plus à risque de décès par suicide, en particulier lorsqu’elles sont déprimées », lit-on dans le document coordonné par Anne-Sophie Rigaud (hôpital Broca, AP-HP). Sur près de 10 400 suicides survenus en 2010, 28 % ont concerné les plus de 65 ans, selon les chiffres du CepiDc-Inserm. On compte près de 3 000 suicides par an de personnes âgées.
La ministre entend d’abord jouer sur l’imaginaire qui entoure le vieillissement. « Toute image ou situation qui associe à l’âge une détérioration est un facteur moniteur à longue distance du suicide », explique Michèle Delaunay. « Il faut que nous soyons tous vigilants pour porter une image de rassemblement et sortir de la plainte et du misérabilisme », poursuit-elle.
Mauvaise évaluation de la douleur des âgés
Elle appelle ensuite à la sensibilisation des acteurs du public, au premier rang desquelles les familles. « Lorsqu’elles entendent une plainte, il ne faut pas se dire que c’est uniquement lié à l’âge. Le suicide des personnes âgées est lié aux dépressions douloureuses », insiste Michèle Delaunay. La cancérologue appelle aussi ses « confrères » à se mobiliser. « La moitié des personnes âgées qui se suicident a consulté la semaine précédant l’acte. Or dans leur cortège de plaintes, le médecin n’a pas pensé à la dépression. On ne sait pas mesurer le degré de douleur d’un âgé, alors que la douleur d’un cancéreux sera précisément évaluée avec des échelles. »
Concrètement, des formations au dépistage devraient être introduites pour les équipes intervenant au domicile ou en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Un plan de métiers (avec des financements associés) est à l’étude dans le cadre de la préparation de la loi sur l’autonomie.
Troisième et dernier axe, enfin, Michèle Delaunay entend missionner toutes les agences régionales de santé (ARS) pour recenser les bonnes pratiques locales et identifier les interlocuteurs à contacter. « Beaucoup d’initiatives existent. À Bourg-en-Bresse, nous avons rencontré une cellule d’intervention sur la détresse psychique des âgés, comme à l’hôpital Sainte-Anne de Paris. Mais dans de nombreux territoires, on ne sait rien. Que les ARS proposent un schéma territorial qui s’inscrive dans la stratégie nationale de santé ! » développe la ministre. Le rapport insiste notamment sur le renforcement nécessaire des liens entre psychiatrie et gérontologie.
784 000 euros pour MONALISA
À titre d’exemple d’« innovation sociale », Michèle Delaunay cite la mobilisation nationale contre l’isolement social des âgés (MONALISA), dont l’ambassadrice est Brigitte Ayrault. « Nous sommes quasi opérationnels », avance cette dernière.
Dès le 17 octobre, les premières équipes de bénévoles d’une trentaine d’associations se mettront en branle dans une poignée de départements (Gard, Lot, Nord, Gironde, Val de Marne, Creuse, Nièvre, Moselle). Le projet a en outre reçu un apport de 784 000 euros pris dans la section V (recherche et expérimentation) de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) pour les 18 premiers mois afin d’installer trois permanents nationaux qui fassent le lien entre les équipes et finalisent les méthodes d’intervention fondées sur l’intergénérationnel.
« Il faut que les personnes âgées aient accès à tous les droits. Il faut développer une citoyenneté solidaire qui ne laisse personne sur le bord du chemin », a insisté Brigitte Ayrault. « Ces bénévoles seront formés, mais ils ne se substitueront pas aux équipes d’aide à domicile », a précisé Michèle Delaunay.
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