HU JINTAO s’est néanmoins efforcé de corriger un peu l’image de la Chine, dont le comportement diplomatique, ces derniers temps, a été plutôt arrogant. Elle met ses réserves monétaires, accumulées grâce à sa prodigieuse activité industrielle mais aussi grâce à une sous-évaluation de sa monnaie, au service d’une politique de grande puissance, en allant même jusqu’à acheter une partie de la dette de certains États européens qui se sont confondus en remerciements, et en offrant généreusement aux États-Unis de leur acheter pour 45 milliards de dollars de produits. Elle demeure intraitable dans la plupart des domaines diplomatiques, notamment en refusant d’intercéder auprès du régime nord-coréen pour qu’il cesse de déstabiliser l’Asie par ses menaces militaires. Elle annonce triomphalement la construction d’un avion de combat dit furtif qu’elle pose en concurrent des meilleurs appareils américains.
OBAMA A MUSCLÉ SA DIPLOMATIE
De son côté, Barack Obama qui, dès son entrée à la Maison Blanche, avait voulu présenter le visage nouveau d’une Amérique respectueuse des autres États mais attachée aux libertés et à la démocratie, a appris à ses dépens qu’une diplomatie de velours encourageait certains régimes (Pyong Yang, Pékin, Téhéran) à lui tenir la dragée haute (comme lors du sommet sur l’environnement de Copenhague où il a été humilié par les Chinois). Sa défaite électorale en novembre dernier l’a engagé à réduire les critiques d’une opposition déchaînée par des actes de politique étrangère plus en adéquation avec la puissance américaine. Le rôle des États-Unis dans le renversement de Ben Ali en Tunisie est aujourd’hui à peu près certain, et cette fois, l’Amérique n’a pas choisi la continuité. Bien qu’il soit infiniment plus difficile de parler franchement aux dirigeants chinois, M. Obama ne s’est pas gêné pour le faire, tout en soulignant ce que tout le monde dit, à savoir que la développement de la Chine, devenue la deuxième puissance du monde par le produit intérieur brut, est remarquable.
Il n’empêche que, si la Chine dispose, dans ses réserves monétaires, d’un paquet de 825 milliards de dollars dûs par les États-Unis, ce n’est pas en participant à leur déchéance, monétaire, financière ou économique qu’elle garantira la viabilité de ce fonds miraculeux. Quand elle achète la dette de ses partenaires commerciaux, c’est pour qu’ils demeurent solvables. La Chine compte sur ses marchés étrangers, dont sa consommation intérieure, pour le moment, ne peut pas prendre le relais ; elle fait face à une hausse des prix, qui mécontente fortement la population ; elle a un type de croissance qui favorise le creusement des inégalités ; s’il est vrai que, dans leur très grande majorité, les Chinois croient dur comme fer en un avenir radieux, ils ne sont pas à l’abri d’une crise ni même d’une récession, dès lors qu’ils ont opté pour une croissance débridée dont les bas, fatalement, succèderont aux hauts.
Pas de deuxième récession.
Tous ces facteurs font que les États-Unis, dont le revenu per capita est dix fois supérieur à celui de la Chine, n’ont pas besoin de prendre acte prématurément de leur propre « déclin ». Les signes de reprise économique sont nombreux des deux côtés de l’Atlantique et le chômage commence à régresser aux États-Unis. Le fameux « double dip », la double récession n’aura pas lieu. Mais, de toute façon, les rapports entre l’Amérique et la Chine ne doivent pas être analysés en fonction seulement de la conjoncture économique. Il ne fait aucun doute que la Chine est un prodige, qu’elle va infiniment mieux aujourd’hui qu’il y a trente ans, qu’elle est la puissance dominante en Asie, loin devant le Japon dont l’économie ne finit pas de stagner. Elle n’en demeure pas moins tiraillée entre les partisans de la création de richesse globale et ceux qui réclament avant tout une meilleure distribution de cette richesse. Si, par exemple, la Chine s’orientait rapidement vers l’édification d’un système de soins et d’une système de retraite décents, ses prétentions, apparentes ou cachées, à la domination de l’Asie, y compris par des moyens militaires, resteraient sans suite. On note en outre que le président Hu ne fait pas forcément entendre sa voix dans son propre pays. C’est parce que le collège du parti communiste qui l’a désigné et s’apprête à le remplacer, est divisé sur les choix à faire. La vieille idée selon laquelle il n’y a pas de développement économique sans progrès démocratique reprend du poil de la bête.
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