Clarification politique, grand rétropédalage ou hésitation ? Dans une longue tribune au « Figaro », publiée ce mardi, François Fillon, candidat de la droite pour 2017, a de nouveau répliqué aux vives critiques dont il est l'objet sur son programme santé en affirmant ne pas vouloir « privatiser l'assurance-maladie ».
« J'entends réaffirmer le principe d'universalité dans l'esprit des ordonnances de 1945, écrit François Fillon. L'assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l'acteur-clé » et « elle continuera à couvrir les soins comme aujourd'hui et même mieux rembourser des soins qui sont largement à la charge des assurés, comme les soins optiques et dentaires », défend-il. « Il n'est donc pas question de toucher à l'assurance-maladie et encore moins de la privatiser », martèle le champion de la droite.
Le poids des mutuelles
François Fillon avait plaidé durant la campagne de la primaire pour une prise en charge par la Sécu des seuls gros risques, les petits étant remboursés par les mutuelles ou assurances privées. Cette position avait suscité inquiétude et critiques jusque dans son propre camp. Bernard Accoyer, secrétaire général du parti LR, avait estimé qu'une clarification était nécessaire.
« Mes adversaires s'érigent en défenseurs de notre "modèle social" mais ils en sont, en réalité, ses fossoyeurs » car « ils refusent de voir que ce modèle craque de toutes parts, que le chômage, la pauvreté et les injustices se propagent, que les déficits menacent la solidarité nationale », argumente le député de Paris.
Au sujet de la place des complémentaires santé, au cœur de la polémique, François Fillon relève que « la gauche préfère oublier que le poids des mutuelles et des assurances personnelles n'a cessé d'augmenter depuis des décennies, y compris dans le cadre des réformes qu'elle a elle-même votées ». Il réaffirme sa volonté de placer « l'assurance-maladie obligatoire et les organismes complémentaires sous le pilotage d'une agence de régulation et de contrôle », sans plus de précisions. « Les assurés ne savent plus à quoi ils ont droit et s'interrogent sur les garanties effectives dont ils disposent. Opacité et manque de transparence sont devenus la règle », ajoute l'ancien maire de Sablé.
Dans d'autres registres, le candidat LR réaffirme sa volonté de simplifier les dispositifs de franchise actuels et le ticket modérateur « qui sont un maquis incompréhensible », d'abroger le tiers payant et d'enrayer la désertification « grâce à la multiplication des maisons médicales ».
Touraine et Montebourg cognent à nouveau
« Non seulement vous ne renoncez pas à votre projet de déremboursement du "petit risque" mais pire encore, à travers une pseudo "agence de régulation", vous faites entrer les assureurs privés dans le pilotage de la Sécu. Dans quel but, sinon leur confier des remboursements que vous retirez à l'assurance-maladie ? », a réagi la ministre de la Santé Marisol Touraine sur Twitter. Ce mardi matin, sur le site Fillon2017, la proposition consistant à « focaliser l'assurance publique universelle sur des affections graves et de longue durée, et l'assurance privée sur le reste » apparaissait toujours... avant d'être retirée dans la journée (papier mis à jour à 18h20).
Arnaud Montebourg, candidat à la primaire organisée par le PS, voit dans la tribune au « Figaro » « un rétropédalage qui n'est pas sincère et pas clair ». Pour le Dr Claude Pigement, ancien responsable santé du PS, joint ce mardi par « le Quotidien », François Fillon « navigue à vue sur la Sécu, d'un extrême à l'autre ». « Il est passé de l'Institut Montaigne [think tank libéral] à la Fondation Copernic [cercle de réflexion critique du libéralisme] », ironise-t-il.
Sérologie sans ordonnance, autotest : des outils efficaces pour améliorer le dépistage du VIH
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP