Lyon (69)
Dr Raphaël Nogier*
Notre profession est discrète sur la question du mariage pour tous. Pourtant, dans les réunions médicales auxquelles je participe, j’entends mes confrères me confier leur désarroi sur la loi Taubira. J’ai vu peu de confrères prêts à soutenir ce projet.
Le 13 janvier, je suis allé personnellement manifester à Paris sans états d’âme pour plusieurs raisons.
1) Le projet de loi Taubira oublie le devenir des enfants. Ouvrir le mariage aux personnes de même sexe, c’est du même coup permettre à des enfants, par le biais de la PMA, d’être privés soit d’un père, soit d’une mère. On pourra toujours exhiber toutes les études du monde sur ce sujet et dire qu’elles sont scientifiques pour mieux s’y appuyer, un enfant, naturellement, a besoin de son père et de sa mère. Nier cette évidence, c’est tout simplement être aveugle ou de mauvaise foi.
2) Le projet de loi Taubira oublie la loi naturelle. À quoi bon voter une loi si elle s’éloigne des réalités naturelles. Un couple, c’est un homme et une femme. Tout simplement parce que la copulation ne peut avoir lieu seulement qu’entre un mâle et une femelle. Nier cette évidence, c’est tout simplement être aveugle ou de mauvaise foi.
3) Le projet de loi oublie la culture française et heurte les sensibilités religieuses. Les représentants des différentes religions monothéistes, les Chrétiens, les Juifs, les Musulmans, tous se sont élevés contre ce projet de loi. Pourquoi ne pas en tenir compte de ce paramètre ? À quoi bon heurter les consciences ?
4 ) Le projet de loi Taubira oublie la profession médicale qui n’a pas été consultée. Cependant, les médecins sont concernés au premier chef car tôt ou tard on leur demandera, par souci de « non-discrimination », de pratiquer des PMA, des suivis de GPA.
Pour moi la loi Taubira, c’est non !
Non en tant qu’homme
Non en tant qu’ancien enfant
Non en tant que médecin
Non en tant que chrétien
C’est pourquoi, je souhaite ardemment que cette loi ne passe pas et que j’appelle de mes vœux une autre manifestation nationale pour que Monsieur le président de la République daigne enfin écouter le bon sens du peuple français.
* Le Dr Raphaël Nogier est président de l’association Cosette et Gavroche (www.cosetteetgavroche.fr), organisatrice des États Généraux de l’Enfant à Lyon le 26 janvier
Réponse au Dr Gilles Seban
Paris (75)
Pr Claude-François Degos*
Ceci est une réponse à la lettre du Dr Gilles Seban, publiée le 7 janvier dernier par « le Quotidien du Médecin ».
Devant tant de mauvaise foi ou d’inexactitudes, rester sans réponse laisserait supposer qu’on se désintéresse (seuls dans leur tour d’argent), qu’on n’attache aucune importance (« les chiens aboient, la caravane passe ») ou qu’on est inhibés par une certaine gêne devant des allégations qui pourraient avoir un côté vrai.
Loin de la mépriser, Cher Confrère, je veux répondre à votre lettre. Elle reflète une acrimonie que je voudrais apaiser et surtout elle emploie des arguments que je me fais un devoir de réfuter.
L’Ordre n’est pas un produit vichyste. Combien de fois faudra-t-il répéter l’historique que seuls les incompétents ou les partisans ressassent à l’envi malgré les faits prouvés, les documents irréfutables, les dires et les écrits des historiens.
Rapidement. En 1845, à l’occasion du Congrès médical, la profession a jeté les bases d’une organisation professionnelle des médecins, qu’elle voyait syndicale beaucoup plus qu’éthique et déontologique. Après une éclipse « émaillée de tergiversations avec des avancées et des reculs », on attendra 1935 pour que le Parlement vote favorablement son institution. Cependant, il est vrai, et de là vient votre animosité, le régime pétainiste, alors qu’il structurait les corporations par métiers, l’a confortée en 1940 en lui donnant l’appellation de Conseil Supérieur de l’Ordre des Médecins.
Dès octobre 1943, le Gouvernement provisoire de de Gaulle à Alger s’est empressé de dissoudre cette instance.
Devant les nécessités, le 24 septembre 1945, le gouvernement gaulliste et son ministre communiste François Billioux ont créé l’Ordre des Médecins tel qu’on le connaît aujourd’hui en lui reconnaissant à la fois un rôle déontologique et une fonction disciplinaire tout en supprimant l’aspect syndical.
Voilà pour le premier argument.
Inutile et vain, avez-vous dit ? Si c’était le cas, son existence, un moment discutée par les promesses du candidat Mitterrand, aurait été remise en cause depuis. À l’inverse, son utilité administrative comme disciplinaire a servi d’exemple pour la création récente d’autres Ordres en Santé (Ordres des Masseurs-kinésithérapeutes, 2004 ; des Infirmiers, 2006).
En ce qui concerne son action, vos reproches témoignent d’une méconnaissance des missions de l’Ordre.
Il n’est pas du ressort de l’Ordre de s’occuper des « droits des médecins ».
Oui ! Nous défendons la médecine et non les médecins car les syndicats sont là pour cela.
Défendre la médecine, c’est défendre la déontologie qui découle de l’éthique. C’est organiser, garantir, certifier la qualité des soins, c’est aussi suspendre l’activité de médecins dont l’exercice serait dangereux, c’est encore, plutôt que de punir les exactions, prévenir la mise en jeu de la santé du public grâce à un Code de Déontologie, qui loin d’être « poussiéreux et ridicule » est sans cesse mis à jour pour suivre les évolutions de la médecine et de la société.
Quant à la légitimité de ce texte, que vous contestez, elle apparaît clairement depuis que le législateur l’a intégré dans le Code de Santé Publique et, à ce titre, il a force de Loi.
« Coûteux », enfin. Il n’est que de comparer les cotisations dans les autres Ordres (avocats, architectes, experts-comptables) en leur soustrayant l’adhésion couplée à l’assurance professionnelle que certains exigent. Chiche !
Il ne m’est certes pas plus agréable à moi qu’à vous de régler chaque année ma cotisation.
Non, vraiment, nous n’avons pas à rougir d’avoir un Ordre et celui-ci peut être fier de son action au service de la santé publique et des malades.
* Président du Conseil régional Ile-de-France de l’Ordre des Médecins
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