Rapport des députés sur la pandémie grippale

Propositions pour renforcer le rôle des médecins

Publié le 22/07/2010
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APRÈS L’OFFICE parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (« le Quotidien » du 1er juillet) et avant le Sénat, le 28 juillet, la commission d’enquête de l’Assemblée, présidée par Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre) a rendu son rapport sur la gestion de la pandémie grippale, plus précisément « la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination », rédigé par le député-médecin UMP Jean-Pierre Door.

Pour les députés, la campagne de vaccination est « un échec de santé publique ». Parce que l’objectif de vaccination massive de la population, lui-même très discutable, est loin d’être atteint (5,36 millions de Français vaccinés au 1er juin, moins de 8,5 % de la population). Et parce que les professionnels de santé ont été mis à l’écart, ce qui a ravivé les tensions entre médecins et pouvoirs publics.

Placée sous l’égide du principe de précaution, la campagne a été volontariste mais d’une application trop rigide, tandis que le message de santé publique, faute de débat organisé sur les risques et de relais chez les professionnels de santé, se perdait « dans le brouillard médiatique », avec « les folles rumeurs sur Internet, les attaques violentes du lobby antivaccin ou encore les annonces spectaculaires de pseudo-experts ».

Piliers.

La pandémie a ainsi été « le formidable révélateur d’une crise de confiance : celle de nos concitoyens qui ne croient plus au message de prévention et de santé publique, se défient de la parole de l’État en période de crise sanitaire et préfèrent s’en remettre à d’autres sources d’information, aux intérêts divers ».

Pour renforcer la confiance dans la vaccination, tâche à laquelle il faut s’atteler dès maintenant, selon le rapport, il faut « s’appuyer sur les piliers que sont les professionnels de santé », à même d’éclairer « sur la question centrale du rapport entre risque choisi en cas de vaccination et risque encouru en son absence ». « Le lien qu’ont su tisser les médecins de famille avec leurs patients est à cet égard trop précieux pour qu’on le distende », insistent les députés.

Parmi leurs 42 propositions, plusieurs concernent donc les moyens de renforcer le rôle de ces professionnels de santé. Les conditions d’exercice de la vaccination pandémique devraient être inscrites dans le champ des conventions nationales liant l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie et des syndicats de professionnels. Et une concertation devrait être entamée entre les agences régionales de santé et les représentants des professionnels, en particulier les unions régionales et les conseils des ordres, pour inscrire dans les schémas régionaux d’organisation des soins les modalités concrètes de recours à la médecine ambulatoire pour la vaccination.

Parallèlement, il faut améliorer les modalités d’information des professionnels de santé, en privilégiant les unions régionales comme relais de l’information gouvernementale en cas de crise sanitaire et en incitant les professionnels à communiquer aux unions régionales et aux conseils ordinaux leurs données électroniques.

La formation initiale et continue en vaccinologie mérite par ailleurs d’être renforcée et, comme il n’est de meilleur argument que l’exemple, l’objectif de vaccination de 75 % des professionnels de santé contre la grippe saisonnière devrait être réaffirmé dans la prochaine loi de santé publique. Une loi qui se fait attendre.

Rapport consultable sur le site/www.assembleenationale.fr.

RENÉE CARTON
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8805