LES MÉDIAS FRANÇAIS, qui ont accordé tant d’importance à la prise de position sans nuances de « Marly », ne semblent pas avoir été du tout gênés par l’anonymat des signataires. Avec un courage remarquable, ils ont bien voulu critiquer la politique extérieure de Nicolas Sarkozy, mais pas au prix de leur emploi. Les membres de « Rostand » ont riposté avec les mêmes armes, eux aussi en restant dans l’anonymat, bien que leur prise de position ne leur fît courir aucun risque, et en utilisant leur ironie contre la sévérité de « Marly ». Belle bataille parisienne, qui se déroule dans les cafés des beaux quartiers, et qui donne une idée quelque peu consternante de la manière dont la géopolitique est traitée en France, au mépris du devoir de réserve et dans la confusion des genres, car, s’il est vrai que tout homme libre peut donner son avis, la politique extérieure de la France ne peut être conduite que par le chef de l’État et la diplomatie ne peut qu’exécuter de ses décisions.
Peu inspirés par un texte aussi comminatoire qu’excessif, nous avons été surpris par son impact dans l’opinion. Ce qui nous contraint à y revenir, pour en combattre le contenu. On y trouve en effet une autosuffisance déplorable. S’il faut en croire les hommes de « Marly », il eût suffi de les écouter pour prévoir, et longtemps à l’avance, les révolutions du monde arabe, pour mettre au point les dispositifs diplomatiques qui eussent fait figurer d’emblée la France dans le bon camp du soutien aux libertés, pour conserver avec le Mexique des relations idylliques et pour rapatrier la malheureuse Florence Cassez, injustement condamnée à Mexico à 60 ans de prison pour des faits qu’elle ne semble pas avoir commis.
Tout ce que chacun sait du Quai d’Orsay va à l’encontre des signataires de l’article. Chacun sait que, depuis 1967 et la guerre des Six-Jours, le Quai défend au Proche-Orient un point de vue gaulliste qui fait la part belle au monde arabe, tel qu’il était jusqu’à l’année dernière, c’est-à-dire gouverné par des dictateurs qui n’ont jamais inspiré d’états d’âme à nos diplomates, et à une souveraineté française uniquement capable de s’exprimer dans un anti-atlantisme persévérant. Nicolas Sarkozy, depuis 2007, a voulu nuancer cette attitude dont l’anachronisme est souligné d’une part par la disparition brutale de quelques régimes arabes autoritaires et d’autre part par l’entrée à la Maison Blanche d’un Barack Obama, lui-même prêt à défendre les libertés et la démocratie, par des moyens pacifiques, et quoi qu’il en coûte à l’influence des États-Unis.
LE TEXTE DE « MARLY » EST DANS LA CONTINUITÉ DES LAMENTATIONS NATIONALES
Ce que Sarkozy a fait.
Les erreurs d’une Michèle Alliot-Marie ou les bévues d’un Boris Boillon n’enlèvent rien au bilan diplomatique de Nicolas Sarkozy. Certes son projet d’Union pour la Méditerranée (UPM) est enlisé depuis la guerre de Gaza et, surtout, depuis le départ de Hosni Moubarak. Certes, il a probablement manqué de doigté avec un Mexique très susceptible, mais tout de même peu soucieux du droit. Mais il a contribué à la conclusion du traité de Lisbonne, sortant l’Union européenne de dix ans de stagnation ; il joue un rôle très efficace dans le rapprochement des politiques économiques allemande et française ; il conduit le G20 avec célérité, même si la Chine refuse de réévaluer le yuan ; il a signé des accords de défense avec le Royaume-Uni ; il a établi des rapports privilégiés avec le Brésil et avec l’Inde ; il a dépoussiéré un credo nationaliste qui, pratiquement, faisait un adversaire de notre ami le plus sûr, l’Amérique ; il a donc rapproché la France de l’OTAN, ce qui est très important dans un monde plus dangereux que jamais ; et son amitié pour Israël, qui épouvante le Quai d’Orsay, lui permet de critiquer sévèrement la politique palestinienne de l’actuel gouvernement de l’État juif.
Sans s’abriter derrière l’anonymat, un certain nombre de diplomates, parfois influents, ont approuvé le texte de « Marly ». Il n’en demeure pas moins que ses signataires ont choisi les thèmes qui alimentaient leurs critiques au détriment des secteurs où l’action de M. Sarkozy est positive ; qu’ils sont incapables de prouver qu’une autre politique étrangère (laquelle ne serait que la continuation de celle de Jacques Chirac) aurait produit de merveilleux effets ; que leur engagement sans risque relève plus du « Sarko bashing » et de l’imitation des lamentations nationales que du « whistle blowing », technique de l’alerte devant un danger qui menace le pays. Pouce !
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