ON REMARQUERA à ce sujet qu’à la dénonciation des lenteurs socialistes a aussitôt succédé un procès en précipitation : quel besoin le PS a-t-il d’un candidat définitif le 16 octobre alors la campagne, la vraie, ne commencera que trois ou quatre mois plus tard ? À ce compte-là, Martine Aubry devrait s’arracher les cheveux. Son calme olympien témoigne au contraire de la maîtrise qu’elle maintenant du parti. On peut en revanche se poser des questions sur la voie étroite dans laquelle elle vient d’engager Dominique Strauss-Kahn. En juillet, il sera encore loin de la fin de son mandat au Fonds monétaire international. La date choisie pour le dépôt des candidatures indique qu’il est sommé par le PS de choisir et, mieux, de faire un sacrifice : il ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Avec quelles arrière-pensées Mme Aubry a-t-elle consenti à prendre cette décision ? Certains analyses suggéraient qu’elle ne voulait pas se porter candidate, qu’elle entendait assurer la victoire de DSK pour en devenir, peut-être, le Premier ministre. Ces analyses ne tiennent plus. Il est probable que la première secrétaire a cédé aux injonctions de la gauche du parti, qui s’efforce d’écarter DSK de la course.
Une partie ouverte.
Une telle stratégie ferait l’affaire de Nicolas Sarkozy qui, selon les sondages, serait encore plus assurément battu par M. Strauss-Kahn que par l’un ou l’autre des différents candidats. On ne voit pas d’ailleurs comment l’absence de DSK de la compétition permettrait l’émergence d’un Benoît Hamon ou d’un Arnaud Montebourg par exemple, plutôt que celle de Ségolène Royal, qui occupe le terrain médiatique avec une efficacité remarquable, ou même de François Hollande qui, après DSK, serait le président de gauche qui rassurerait le plus l’électorat de droite. Il n’empêche que ce brouillard sur l’horizon montre bien que, grâce à Mme Aubry, la partie est complètement ouverte : on ne pourra pas lui adresser le reproche d’avoir ficelé les primaires à son avantage ou à celui de DSK avant même qu’elles ne commencent. Le seul fait qu’il est impossible de dire aujourd’hui qui sera le candidat du PS traduit la rigueur de la méthode de Martine Aubry. Les primaires représenteront bel et bien un exercice inédit de la démocratie en France.
IL Y A AUTANT DE DIVISIONS À DROITE QU’À GAUCHE
Bien entendu, cela ne traduit pas nécessairement l’unité du PS, ni celle de la gauche. Observateur attentif de l’évolution des événements, François Hollande devra sortir du bois sous peu et faire face à un Montebourg survolté par sa propre audace (il s’est déjà déclaré et présente de multiples idées) et à son ancienne compagne qui, on le sait, ne le porte plus dans son cœur. D’autres candidatures apparaîtront sans doute. Cela traduit moins une saine émulation que la multiplicité des tendances au sein du PS.
Le parti socialiste ne saurait être critiqué pour sa diversité dès lors que l’UMP, sous la houlette du fringant Jean-François Copé, s’efforce de démontrer qu’elle a une existence propre en dehors de l’Élysée. M. Copé et son quarteron de copains, dont un Christian Jacob aux initiatives soudainement quelque peu provocatrices (on le connaissait plus discret), exigent leur débat sur les trente-cinq heures alors que l’Élysée ne veut absolument pas en faire un thème de campagne. M. Copé s’oppose à Xavier Bertrand, ministre à plusieurs portefeuilles, dont celui du travail, ce qui fait que, une fois encore, les deux hommes se retrouvent en pleine bagarre. Christian Jacob, pour sa part, ouvre une querelle interne à la droite sur « l’embauche à vie des fonctionnaires » (il voudrait que l’on puisse faire la navette entre la fonction publique et le secteur privé) dont François Fillon a dit avec force qu’il ne voulait pas en entendre parler. Le Premier ministre réaffirme son autorité sur les parlementaires de la majorité, M. Copé feint de croire qu’il est leur patron unique. M. Fillon veut éviter de soulever la colère des fonctionnaires en remettant en cause le statut de la fonction publique, MM. Copé et Jacob déclarent que la démocratie, c’est le débat. En gros, ils souhaitent montrer que l’époque des godillots est terminée. On verra ça après les élections, leur répond le chef du gouvernement, qui prend appui sur l’autorité de sa fonction pour freiner l’ambition de M. Copé, lequel ne cache pas son ambition présidentielle. Bref, il y a des remous à droite tout autant qu’à gauche. Et nous en avons pour dix-sept mois.
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