Wang-Lei, 38 ans, tient sa petite fille dans ses bras. Pas longtemps. Comme une Chinoise sur deux, elle vient de subir une césarienne pour son premier enfant, acte médical qui l'a affaiblie. La nounou prend rapidement le relais. Elle attrape un biberon au vol et joue le jeu de la photo souvenir avec le bébé, assise sur le grand lit à baldaquin, le regard tourné vers l'immense baie vitrée de cette chambre grand luxe du centre franco-chinois de récupération post-accouchement de Shanghai.
Wang-Lei est la première patiente de cette structure avant-gardiste ouverte en novembre 2015 par Jean-Loup Durousset, patron du groupe de cliniques Noalys et de la maternité Natecia.
Service haut de gamme
Au dixième étage de l'hôpital de Shanghai Est, sur un plateau de 1 200 m2, l'ancien patron de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) française a exporté le service hôtelier haut de gamme propre à sa maternité lyonnaise. Neuf chambres soignées à la décoration florale prennent la moitié de l'espace. Massage, coiffure, yoga, salle de puériculture dernier cri, bébés nageurs… Le reste de l'étage est consacré au bien-être. Un médecin de la maternité de l'hôpital, située cinq étages plus bas, passe deux fois par semaine pour vérifier l'état de santé des parturientes.
Wang-Lei a choisi ce confort postnatal à juste titre. Car comme le veut la tradition chinoise du « Zuo Yuezi », le « club de rééducation post-partum Natecia » (de son vrai nom) sera son quotidien pendant quatre semaines minimum. Pas question de sortir de l'unité, ni même de recevoir des visiteurs en dehors des intimes. Son monde se résume à son bébé et sa nounou, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Rééquilibrer le Yin et le Yang
« Zuo Yuezi » signifie « s'asseoir un mois ». La culture et la médecine traditionnelles chinoises veulent que la femme qui vient d'accoucher suive une série de rituels pour se remettre en forme, au calme et sans distraction.
« Après l'accouchement, le corps de la femme asiatique est dans un état particulier, plus froid et humide que d'habitude, explique Chen Yuheng, masseur. Il faut rééquilibrer le Yin et le Yang et la température corporelle. L'humidité bloque les flux d'énergie. C'est pour cela que la femme mange uniquement chaud et ne se lave pas pendant tout le "Zuo Yuezi". » Si ce rituel se pratique traditionnellement à la maison dans les campagnes chinoises, des centres hôteliers se développent depuis un an ou deux dans les villes.
L'idée de Jean-Loup Durousset est donc d'accompagner cette tendance en réaménageant la tradition médicale chinoise à la sauce hôtelière française dans un environnement de santé très sécurisant. Son cœur de cible : les femmes expatriées et les Chinoises fortunées. Travaillant dans la finance, se définissant comme une « maman moderne », Wang-Lei en est l'incarnation parfaite.
« Ici, l'approche du "Zuo Yuezi" est moins traditionnelle que dans les centres chinois, confie-t-elle pour justifier son choix. Je peux manger ce que je veux. Je peux même regarder la télévision ! Je m'évade de la pression familiale et, en même temps, je soulage financièrement mes proches. Je suis dans un lieu privilégié, j'en conviens. »
Ce luxe a un prix : 7 000 euros par mois, que Wang-Lei paye intégralement de sa poche. L'hôpital facture, encaisse, et redistribue une partie des bénéfices au centre.
Si cette première expérience est concluante, Jean-Loup Durousset espère la dupliquer en Chine mais aussi sur le territoire français. « Mon aventure chinoise m'a amené à considérer autrement le retour de couches, raconte-t-il. J'aimerais par exemple exporter l'activité des bébés nageurs tel qu'on la pratique ici : en solo, affublé d'une bouée autour du cou, à la verticale dans une baignoire individuelle et trois jours après la naissance ! Mon défi sera de convaincre les soignants et les praticiens français de l'opportunité de ce confort hôtelier. Car si moi je n'y vois aucun problème, eux pourraient y voir un parfait exemple de médecine à deux vitesses. »
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