Terrasse (PS) : « Pas question d’ouvrir la boîte à privatisation »

Publié le 29/06/2010
Article réservé aux abonnés
1287151294168839_IMG_40262_HR.jpg

1287151294168839_IMG_40262_HR.jpg
Crédit photo : S TOUBON

LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN – Les pistes avancées par la mission « Rosso-Debord » pour financer la dépendance des personnes âgées vous conviennent-elles ?

PASCAL TERRASSE – Attention  ! Je rappelle que l’APA, créée en 2001 par Lionel Jospin, avait vocation à pendre en charge la dépendance lourde et légère. Or, le rapport de la députée UMP propose d’emblée d’exclure les GIR 4, c’est-à-dire les dépendants moyens, ce qui serait une erreur fatale. La prise en charge de la dépendance en GIR 4 est un moyen de prévention des maladies lourdes liées au vieillissement.

Mais surtout, sur le fond, il ne s’aurait être question de réformer l’APA sans moyens supplémentaires ; si on se contente d’aiguiser les appétits des assureurs qui lorgnent un marché juteux, on fait fausse route. Attention à ne pas faire de l’APA, outil universel et solidaire, un système individuel et privatisé. Il y a un vrai risque.

Mais les recettes affectées à l’APA ne couvrent même pas le tiers de la prise en charge de la dépendance

C’est pourquoi on pourrait imaginer que la CSG payée par les retraités puisse contribuer au financement de l’APA. Cette seule mesure suffirait amplement. Un alignement du taux réduit (6,6 %) dont bénéficient les retraités imposables sur celui des actifs (7,5 %) rapporterait au bas mot 3 milliards d’euros. Cette piste est envisagée dans le rapport est ne pose aucune difficulté. Il faut de l’équité. En revanche, la mise en place d’un dispositif assurantiel obligatoire ne me convient pas car on sortirait d’un système universel et socialisé pour aller vers système privatisé.

L’idée d’un recours sur succession pour les bénéficiaires de l’APA les plus fortunés est-il envisageable ?

Il y aurait quand même une contradiction gouvernementale à avoir exonéré de droits de succession des plus aisés et à y revenir par la fenêtre par la récupération sur succession…

Pensez-vous que ce débat sur le financement de la dépendance puisse faire l’objet d’un consensus national ou que, comme pour les retraites, droite et gauche s’affronteront de toute façon ?

Il ne faut pas que le débat soit tronqué. Moi je suis pour le cinquième risque, géré par les conseils généraux, mais contre une cinquième branche de la Sécurité sociale. Encore faudrait-il leur donner les moyens à ces conseils généraux… La dépendance a besoin d’un budget complémentaire de trois milliards d’euros par an. Prendre ces sommes au titre d’une CSG plus équitable ne me pose pas de problème. Mais si on crée un système assurantiel obligatoire, nous y serons très hostiles et nous nous battrons. Pas question d’ouvrir la boîte à privatisation !

PROPOS RECUEILLIS PAR CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8800