NÉ 13 AVRIL 1901 à Paris, dans une famille catholique et conservatrice, Jacques Lacan choisit la médecine, devient interne en psychiatrie et se passionne pour le surréalisme. Au début des années 1930, il effectue une analyse de six ans et demi avec Rudolph Loewenstein. Il consacre sa thèse de doctorat à « La psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité », dans laquelle il relate le cas d’une jeune criminelle, « Aimée », de son vrai nom Marguerite Anzieu, mère d’un futur psychanalyste, Didier Anzieu. Lacan s’intéresse aux sœurs Papin, qui avaient assassiné leurs patronnes en 1933 et fascineront de nombreux auteurs, dont Jean Genet. En 1936, il présente une communication remarquée sur « le stade du miroir » au congrès de l’IPA (Association psychanalytique internationale) à Marienbad.
Surprendre.
Dans son mythique cabinet du 5, rue de Lille, à Paris, Lacan instaure des consultations courtes ou à durée variable, n’hésitant pas à recevoir ses patients deux ou trois minutes, plusieurs fois par jour, à les secouer rudement, voire à les gifler. Ses deux salles d’attente ne désemplissent pas. Lacan se lève, mange, lit, joue. Mais écoute. Son objectif ? Surprendre, pour favoriser l’émergence de l’inconscient. Des méthodes iconoclastes qui lui valent d’être chassé de l’IPA.
Sur le plan théorique, Lacan élabore une œuvre singulière, en perpétuelle évolution. Un « retour à Freud » qui choque les freudiens orthodoxes. Dans les années 1950, il prend appui sur la linguistique et le structuralisme. Son mot d’ordre : « L’inconscient est structuré comme un langage. » Il fabrique des mots : « lalangue », « lituraterre », « parlêtre »… Plus tard, il se tourne vers les mathématiques. Nœuds et tresses envahissent le tableau noir de ses séminaires.
Ses détracteurs le traitent de charlatan, « gourou », « pourfendeur de la démocratie », rappelle l’historienne Élisabeth Roudinesco, qui publie « Lacan, envers et contre tout » (Seuil). Pourtant, si « le XXe siècle était freudien, le XXIe siècle est d’ores et déjà lacanien. » Il fut aussi, dit sa biographe, le seul « à prendre en compte de manière freudienne l’héritage d’Auschwitz ».
À partir de 1953, il tient ses fameux séminaires hebdomadaires devant des disciples fascinés. Il en commence la publication après avoir fondé l’École freudienne de Paris en 1964 et publié ses « Écrits » en 1966. Ses leçons continuent d’être éditées au Seuil par son gendre et légataire, le psychanalyste Jacques-Alain Miller. « Le Séminaire, livre XIX, ou pire… » est paru fin août.
Diminué par un accident de voiture en 1978, Lacan meurt trois ans après des suites d’un cancer du côlon qu’il n’a jamais voulu soigner. « Je suis un clown, prenez exemple là-dessus et ne m’imitez pas », répétait ce praticien hors normes, dandy extravagant et collectionneur impénitent (il avait acquis en 1955 « l’Origine du monde » de Courbet, aujourd’hui au musée d’Orsay).
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