LE PROCÈS que l’on peut faire à la Russie pour sa gestion lamentable de territoires où elle veut garder par la force son influence ne diminue en rien l’aveuglement du terrorisme, qu’il faut combattre par tous les moyens, comme en Europe ou ailleurs. Dire que le pouvoir russe paie le prix des souffrances qu’il inflige aux Tchétchènes et à d’autres, c’est transformer en coupables les victimes innocentes (et nombreuses) de l’attentat, lundi dernier, à l’aéroport de Moscou. Mais au moins peut-on reconnaître qu’il existe un lien entre le terrorisme subi par les Russes et la politique que conduit leur gouvernement, alors qu’il n’en est rien s’agissant d’Al-Qaïda qui a attaqué les États-Unis, puis l’Europe, avant l’invasion de l’Afghanistan. Il est commode d’inventer des prétextes après coup. C’est la meilleure raison pour ne pas céder aux injonctions des terroristes : on satisferait leurs exigences qu’ils redoubleraient de férocité.
Homme fort...
Vladimir Poutine, Premier ministre, ancien et prochain président de la fédération de Russie, s’efforce, dans des campagnes médiatiques impressionnantes où on l’a vu torse nu, de donner de lui-même l’image d’un homme fort, qui ne baisse pas les yeux, toujours prêt à dégainer. C’est en fonction de cette image, censée rassurer le peuple russe qui, déjà, l’admire tellement, qu’il faut juger les attentats commis en Russie. Non seulement on est en droit de suggérer à M. Poutine et au président actuel, Dmitri Medvedev, une autre politique dans le Caucase, mais ils devraient être les garants réels de la sécurité des Russes. Il n’y a peut-être rien de plus dangereux, pour la popularité de Poutine, que le décalage entre ses méthodes expéditives, son mépris du droit, les injustices auxquelles il soumet son peuple et son incapacité notoire à prévenir les attentats.
POUTINE N’EST PAS SEULEMENT FEROCE, IL EST INCOMPÉTENT
La contradiction, en réalité, n’est qu’apparente. Sous le couvert d’une croissance uniquement due aux exportations d’énergie, d’un ordre faussement démocratique, et de la puissance illusoire d’un pays où l’espérance de vie est courte, M. Poutine prétend avoir donné à la Russie les moyens d’une grande nation alors qu’il est incompétent. Il ne sait pas gérer l’économie russe ; il ne sait pas (ou ne veut pas) redistribuer les richesses ; il ne sait pas établir un système fiscal juste qui favoriserait les créations d’entreprise ; il ne sait même plus attirer les investissements étrangers puisque la justice russe, un sommet de corruption, est prête à chaque instant à les confisquer au profit d’un entrepreneur autochtone ou des siloviki, ces suppôts du régime qui ont remplacé la nomenklatura communiste. En Tchétchénie, il a mis au pouvoir un homme qui est sa caricature : Ramzan Kadyrov tue, viole, emprisonne, enlève, torture pour que Grozny reste russe. Un voyou, et même un monstre. Même si l’on se refuse à envisager la moindre excuse au terrorisme, on voit clairement que la violence est des deux côtés.
Langage martial.
Bien entendu, les dirigeants russes répondent à l’attentat de l’aéroport par un langage martial. Mais comment expliquent-ils qu’ils n’aient pas pu l’empêcher ? À plus de violence, ils répondent par plus de répression, avec la très grande probabilité de faire payer les crimes des terroristes par des innocents. L’essentiel est de prouver que Poutine est un combattant impitoyable. Les Russes ne lui demandent même pas de changer de politique au Caucase. Ils veulent que les terroristes soient éliminés avant d’avoir commis leurs attentats. Il peut toujours désigner tel ou tel Tchétchène, arrêté ou abattu, comme quelqu’un qui préparait un crime. Mais il sera de moins en moins convaincant si des bombes continuent à exploser dans Moscou.
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