NE PAS FUMER, posséder un système immunitaire mature, faire de l’exercice, manger et boire sainement sont des facteurs bien connus de longévité. Une bonne santé mentale l’est moins. Pourtant, elle est tout aussi indispensable au bien-être des personnes âgées, et c’est tout l’intérêt du rapport du psychiatre et gérontologue Olivier de Ladoucette que de se pencher sur les attitudes qui la favorisent. « Pour découvrir les clefs d’un vieillissement réussi, il faut sortir d’une approche biomédicale qui ne connaîtrait de l’avance en âge que son aspect physiologique. On ne peut jouir d’une vie longue et heureuse si l’on ignore sa dimension spirituelle, psychologique et sociale (…) L’esprit peut également exercer une influence très déterminante sur la longévité », écrit le médecin dans son introduction. La génétique n’intervient que pour un quart dans les variations de l’espérance de vie, précise-t-il plus loin. La résilience et la conation, « aptitude à initier et à amorcer une action tout en lui donnant un sens », selon le psychiatre, seraient à l’inverse des dispositions psychologiques répandues chez les centenaires heureux.
Pour garder le moral après 50 ans, Olivier de Ladoucette identifie 5 pistes, à l’encontre des tendances de notre société tournée vers la jeunesse et l’individualisme. Les personnes vieillissantes sont avant tout incitées à conserver une bonne estime d’eux-mêmes, en ajustant leurs ambitions à leurs moyens. Ils doivent également garder « une identité positive », personnelle comme sociale, parfois mise en péril par les stéréotypes sur le grand âge. En outre, la lutte contre l’isolement ainsi que le maintien du contrôle de sa vie et le développement des facultés d’adaptation ne doivent pas être négligés.
Une place dans la société.
Dans cette perspective, le Dr Ladoucette émet plusieurs recommandations destinées à l’ensemble de la société, qui doit en premier lieu changer son regard sur les seniors. « Si une vision négative se pérennise, elle risque à terme d’aboutir à un conflit entre les générations. Pour sortir de cette impasse, il est indispensable de libérer cette population des stéréotypes dans lesquelles l’imaginaire collectif les cantonne, en proposant un nouveau regard et de nouvelles perspectives sur le vieillissement », stipule le rapport, va-t-en-guerre contre ce qu’Olivier Ladoucette appelle le « prêt-à-penser » français, où vieillesse signifie menace. Le médecin appelle donc à un « nouveau pacte intergénérationnel ».
Pour cela, les seniors doivent acquérir une place plus importante dans la société française, en particulier dans les organismes paritaires, les collectivités locales et le Conseil économique et social. Leur intégration dans le monde associatif devrait également être valorisée, par la création d’un statut de bénévole par exemple. Dans la même veine, le dialogue intergénérationnel pourrait être encouragé grâce à des emplois seniors dans les écoles, hôpitaux, crèches… Le médecin suggère en outre de créer des « stages de développement personnel pour bien vivre sa troisième vie », du moins de « réfléchir au développement d’un dispositif de formation permanente ou de bilan de compétences identique à ce qui est proposé dans la vie professionnelle ».
Peu orthodoxe, le rapport se fait enfin le relais de la Société française de gériatrie et gérontologie, et se penche plus particulièrement sur la spiritualité chez les seniors. « Alors qu’elle est utile à toutes les étapes de l’existence, elle prend une importance croissante lorsque l’on vieillit et que la santé devient plus précaire », estime Olivier de Ladoucette, qui propose des ateliers et conférences animés par des psychologues, philosophes et religieux, sur la « spiritualité dans la réussite de l’avance en âge ».
Si cette voie ne devrait pas être l’une des premières explorées par le cabinet de Nora Berra, l’engagement associatif, le dialogue intergénérationnel, ou des formules de préparation à la retraite seront étudiés attentivement dans la perspective du 2e plan Bien Vieillir, élaboré par le ministère du Travail, de l’emploi, de la santé, en partenariat avec ceux de la Solidarité et Cohésion sociale, de l’Écologie et des Sports.
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