DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES RENCONTRES Capitales ont rassemblé à la mi-novembre, à Marseille, au Palais du Pharo, plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux lycéens. Durant deux jours, ces débats multiples ont posé un certain nombre de questions sur l’économie, les mouvements démocratiques, l’enjeu environnemental mais aussi sur la médecine. « Comment nous soignerons nous demain ? », constituait justement l’une des questions fondamentales choisies pour clore ce rendez-vous, tant sur les avancées technologiques que sur les possibilités d’accès aux soins pour tous. « Je suis optimiste, a indiqué Le Pr David Khayat, chef du service d’oncologie de l’Hôpital de la Pitié salpêtrière, on va vers du mieux qui concernent tous nos concitoyens. Il y a de vrais espoirs concernant la thérapie génique pour tous les malades, qui doit maintenant passer de la recherche à la pratique. »
Éric Vivier, directeur d’immunologie de Marseille-Luminy, ajoutait, quant à lui : « Je suis venu avec de bonnes nouvelles car nous sommes en train de vivre une véritable révolution thérapeutique dans le domaine du cancer avec la reprogrammation du système immunitaire ». Et d’expliquer : « Beaucoup de chercheurs dans le monde, spécialisés en recherche fondamentale ont réussi à obtenir des résultats spectaculaires sur le mélanome ou les métastases du cancer du poumon. » Marina Cavazzana, médecin chercheur, directrice de recherche à l’INSERM, coordinatrice du Centre d’investigation clinique en biothérapie à l’hôpital Necker-enfants malades, a abondé dans son sens. « La thérapie génique née en 1990, sur les bébés bulle, a été élargie après les essais cliniques à d’autres maladies génétiques. En corrigeant les cellules malades là où elles sont, à l’aide des transporteurs génétiques », a-t-elle souligné.
Révolutions dans la prise en charge.
Si ces avancées thérapeutiques et la promesse enfin réalisée de médecine personnalisée séduisent, les intervenants ont pointé pourtant la nécessité de travailler sur l’organisation du système de santé. Car selon le président d’« Aix Marseille Université », Yvon Berland, elle n’est pas optimale. « Nous assistons à des révolutions dans la prise en charge, et notre organisation ne s’adapte pas à ces constats. Je prône la révision totale de l’offre de soins. Car une organisation "tout médecin" est dépassée », a-t-il insisté. Selon lui, il y a urgence à mettre en place une formation intermédiaire entre l’infirmière et le médecin. « Il faut une chaîne d’interventions à mettre en place, à des niveaux déterminés avec des délégations et transfert d’activité bien définis, explique-t-il encore. Nous travaillons depuis quelques années à l’universitarisation des professions paramédicales, avec à Marseille par exemple des spécialités pour les infirmières, mais elle doit s’accompagner d’une réforme de l’offre de soins, d’une optimisation de notre secteur recherche et d’une meilleure place donnée aux patients. » Cette vision des choses fait écho chez le Pr Khayat, qui constate que « le système de santé n’est plus à la hauteur aujourd’hui. À l’hôpital, on consacre des soins essentiellement aux maladies chroniques. Mais on n’a pas développé dans les établissements, un système ambulatoire adéquat, qui peut prendre en charge ces maladies pour ne garder à l’hôpital que les grosses pathologies et interventions délicates. C’est une révolution qui reste à faire ».
« Il faut désengorger les urgences, assure aussi le Pr Marina Cavazzana, en proposant des relais en ville avec des hôpitaux de voisinage. Mais j’entends bien que soit conservée dans ces hôpitaux la notion d’excellence qu’on s’attend à y trouver tant pour des métiers intermédiaires que pour des soins fournis par ces structures de proximité. » Cette réorganisation que chacun appelle de ses vœux doit être anticipée, selon Yvon Berland ; qui ajoute que « le meilleur est à venir pour peu qu’on s’en occupe sérieusement et qu’il y ait une volonté politique de réviser vraiment notre système de soins, c’est urgent ».
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