Asthme : davantage de crises à la rentrée

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Publié le 20/09/2021
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Chaque année, on observe, au cours des semaines qui suivent la rentrée scolaire, un pic de recours aux soins d’urgence pour asthme chez les enfants de moins de 15 ans. Le mois de septembre est l’occasion de remettre les pendules à l’heure vis-à-vis du traitement de fond et de renforcer l’observance.

Crédit photo : GUSTOIMAGES/ SPL/ PHANIE

Année après année, la rentrée scolaire marque une forte hausse des crises d’asthme. Dès les premiers jours de septembre, le recours aux soins pour ce motif augmente rapidement chez l’enfant, avec un pic environ deux semaines après. En 2020, en métropole, le nombre de passages aux urgences et celui d’actes SOS médecins pour asthme chez les moins de 15 ans ont enregistré sur cette période des hausses respectives de 104 % et 118 %.

Une tendance comparable à celle des trois dernières années et liée notamment à la recrudescence des épisodes d’infections virales respiratoires lors de la reprise de la vie en collectivité. Les exacerbations viro-induites sont en majorité causées par les rhinovirus, qui circulent toute l’année mais encore plus en saison automno-hivernale et peuvent créer des épidémies lors du retour en collectivité tandis que les épidémies de VRS et de grippe, également pourvoyeurs de crises chez les enfants asthmatiques, surviennent généralement un peu plus tard.

Les vacances, une période propice au relâchement

L’arrêt du traitement de fond de l’asthme pendant les vacances peut également jouer un rôle. L’été est en effet une période propice au relâchement de l’observance du traitement de fond, concède le Dr Flore Amat, médecin coordonnateur de l’école de l’asthme Zéphyr (hôpital Robert-Debré, AP-HP, Paris), « mais pour une part des enfants asthmatiques, l’allègement des traitements se fait avec notre aval. En été, le risque de crise d’asthme étant plus faible, du fait d’une moindre circulation virale et d’un temps généralement plus sec, nous en profitons pour diminuer la posologie des traitements de fond ou même les suspendre. Les enfants savent qu’ils doivent les reprendre à la rentrée (15 jours avant, ce qui correspond au délai minimal d’efficacité des corticoïdes inhalés), mais certains oublient ou s’abstiennent. » D’autres explications peuvent être avancées, ajoute le Dr Amat, tels « le contexte scolaire un peu stressant et générateur d’anxiété ou la réorganisation du rythme de vie ». Enfin, si les acariens sont perannuels, « leurs pics de reproduction essentiellement en saison humide exposent les enfants asthmatiques qui y sont allergiques à un risque de rechute à la rentrée ».

Reprendre le contrôle de la maladie après l’été

Chez le jeune asthmatique, la consultation de rentrée est l’occasion de vérifier les vaccins et de sensibiliser à la vaccination antigrippale, mais aussi de s’assurer de l’équilibre de la maladie voire éventuellement de réviser le traitement de fond. Pour adapter le schéma thérapeutique, «se référer aux rentrées et aux hivers précédents est instructif, conseille le Dr Amat. En cas de suspension du traitement de fond, cela constitue un indice pour le réintroduire, si par exemple la posologie des corticoïdes inhalés n’a pas suffi à supprimer les crises l’année précédente. Il faut aussi questionner l’enfant sur l’été qui vient de se terminer. Un mauvais contrôle des symptômes sous traitement doit inciter à le renforcer pour mieux aborder l’automne-hiver, sans oublier de traiter les facteurs aggravant le mauvais contrôle de la maladie (antihistaminiques corticoïdes intra-nasaux dans la rhinite allergique, immuno­thérapie spécifique dans les asthmes contrôlés mais avec des symptômes allergiques importants).»

La rentrée peut aussi être l’occasion de réaliser une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) si la dernière date de plus d’un an en cas d’asthme sous contrôle. L’EFR est par ailleurs indiquée dans les trois mois qui suivent la modification du traitement de fond, tous les trois à six mois en cas d’asthme mal contrôlé, à distance de l’arrêt d’un traitement de fond ou dans une optique d’arrêt ou de suspension prolongée du traitement.

Activité physique Le début de l’année scolaire rime aussi avec reprise du sport et constitue un bon moment pour s’assurer que tout a été mis en œuvre pour que l’enfant asthmatique puisse réaliser les activités physiques et sociales de son âge. « Excepté la plongée sous-marine avec bouteille, ils doivent pouvoir pratiquer l’ensemble des activités sportives tout à fait normalement, insiste le Dr Amat. Au cas par cas, on pourra cependant déconseiller l’activité piscine en cas de mauvaise tolérance au chlore, les sports sur tatami à ceux qui sont très allergiques aux acariens ou l’équitation à ceux qui réagissent aux phanères d’animaux ». Il est assez courant que des signes de non-contrôle de l’asthme n’apparaissent qu’à l’effort. « L’usage d’un bronchodilatateur de courte durée d’action préalablement à l’exercice est alors recommandé, sans nécessaire révision du traitement de fond. »


Source : lequotidiendumedecin.fr