La question de la féminisation du titre portée par les femmes médecins, remise au goût du jour par les actuels débats sur l’écriture inclusive, est aussi ancienne que l’arrivée des femmes dans la profession.
À la fin du XIXe siècle, la plupart des (rares) femmes médecins françaises se fait appeler « mademoiselle ». Elles n’utilisent jamais leur prénom dans un cadre professionnel, pas plus que lorsqu’elles publient des articles. Dans les annuaires professionnels, elles sont mentionnées par l’abréviation « Mlle » entre parenthèses. Certaines d’entre elles choisissent de se faire appeler « Doctoresse », ce qui donne « Drsse » en abrégé. Ce terme de doctoresse était d’ailleurs très usité dans certaines régions, jusque dans les années 1960. Plus élégant que « doctoresse », nous avons trouvé aussi, dans un annuaire d’ophtalmologie des années 1930, une « Doctorelle » Antoine qui exerçait alors son art à Alger…
La question de la féminisation des noms s’est posée avec une même acuité chez nos voisins étrangers, même si elle est plus simple dans certaines langues que dans d’autres. En Allemagne par exemple, le mot « Arzt » désigne le médecin (masculin), sa consœur étant « die Ärztin », littéralement « la médecin ». Et il est d’usage d’appeler son médecin Herr Doktor ou Frau Doktor, (« Monsieur le Docteur », ou « Madame la Docteur »), et non pas Docteur tout court. Par contre, le pluriel des « médecins » des deux sexes a débouché là aussi sur une querelle des genres. L’Allemagne a conservé l’équivalent de « les médecins », qu’il y ait des femmes ou non parmi eux, mais l’Autriche, très stricte sur la parité, a forgé un mot pluriel, « die ÄrztInnen », contraction de Arzt et Ärztin avec un I majuscule pour marquer la séparation. Ce « I central » est désormais couramment usité et écrit pour désigner beaucoup de professions, même s’il fait autant hurler les puristes que les .e.s des partisans du français inclusif.
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