Le Quotidien du Médecin. Travaillez-vous actuellement pour une ACO ?
Dr Anish Koka. Figurez-vous que la réponse à cette question n’est pas simple. J’ai effectivement signé un contrat de type ACO à une époque. Il est donc possible que certains de mes patients soient toujours inclus dans l’une des ACO structurées autour des hôpitaux de la région. Mais je ne sais pas de qui il s’agit ! De temps en temps, je reçois un petit chèque de la compagnie d’assurance : c’est ma part des économies réalisées au sein de l’ACO.
Faites-vous quelque chose pour mériter ce chèque ?
Non ! Je fais mon possible pour éviter des hospitalisations à mes patients, je fais beaucoup de visites à domicile, je les appelle souvent… Je suppose donc que ma pratique contribue à faire baisser les coûts pour l’assurance. Mais je fais cela parce que je pense que c’est la bonne manière de faire, pas pour plaire à l’ACO.
Quel est votre reproche principal au système des ACO ?
Je reconnais que les dépenses de santé aux Etats-Unis sont très élevées, et que l’organisation des soins est inefficiente. Mais en quoi ajouter une couche supplémentaire de bureaucratie peut résoudre ce problème ? Vue la manière dont les ACO sont mises en œuvre, elles constituent, selon moi, une aberration supplémentaire de notre système de soins.
N’y a-t-il pas au moins un bon côté ?
Je serais vraiment heureux si je pouvais avoir grâce à l’ACO un accès à des données concernant mes patients, par exemple sur leurs hospitalisations passées. Ce n’est pas possible. Mais je reconnais qu’il ne s’agit là que de ma perspective de cardiologue travaillant dans un petit cabinet. Dans de plus grosses structures, il est possible d’employer du monde pour s’occuper de tout cela et profiter davantage des incitations. Mais même en prenant cela en compte, il ne faut pas oublier le coût administratif que représentent les ACO. Les montants en jeu sont immenses, mais personne n’a jamais été en mesure de me dire combien coûtait la gestion d’une ACO.
Etes-vous isolé aux Etats-Unis dans votre critique des ACO, ou vos confrères pensent-ils comme vous ?
A ma connaissance, l’immense majorité des médecins exposés aux ACO les considère comme une perte de temps. Peut-être que ceux qui travaillent dans les plus grandes structures se sentent moins concernés, car quelqu’un se charge de la paperasse à leur place. Mais nous autres dans les petits cabinets, devons faire tout cela nous-mêmes !
Que diriez-vous aux Français qui envisagent d’importer le modèle ACO ?
Surtout, ne faites pas cela !
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