« Je ne suis pas un assassin » : le cri du cœur du Dr Bonnemaison

Publié le 17/12/2015

Crédit photo : S. TOUBON

« J’ai été condamné pour assassinat. Suis-je un petit assassin, un moyen assassin, un grand assassin ? Je ne peux pas supporter ce mot. Je ne suis pas un assassin. » L’ex-urgentiste bayonnais Nicolas Bonnemaison, condamné le 24 octobre à deux ans de prison avec sursis pour avoir donné la mort à une patiente en fin de vie, s’est exprimé ce mercredi, pour la première fois depuis sa tentative de suicide le 31 octobre dans les Landes.

Il dénonce un « verdict sans queue ni tête » à l’issue d’un « procès à charge » dans un entretien paru ce jeudi dans le quotidien Sud-Ouest.

Le médecin dit avoir été « troublé » par le verdict en appel de la cour d’assises du Maine-et-Loire. Celle-ci l’a reconnu coupable d’avoir délibérément donné la mort à une patiente en 2011, mais l’a acquitté pour six autres cas de patients, eux aussi incurables et en fin de vie. « Dans tous les cas, j’ai agi de la même façon. Pour soulager des souffrances psychiques ou physiques », insiste le praticien de 54 ans, qui explique sa volonté d’en finir après le procès. « Psychiquement, j’étais épuisé. Je n’avais plus aucune ressource. »

« Pendant quatre ans, ils m’ont fait vivre un enfer »

L’ex-urgentiste se dit encore très fatigué, mais assure avoir « mesuré combien j’ai été soutenu », et il redit n’avoir « jamais eu l’intention de donner la mort ». « Ce que j’ai pratiqué, je l’ai vu faire dans tous les services où je suis passé pendant ma carrière », poursuit-il. Pour Nicolas Bonnemaison, ce verdict ne peut que contribuer à déstabiliser et à fragiliser le corps médical. « Je suis acquitté pour le cas où j’ai injecté du curare, un produit qui n’est pas expressément autorisé, même s’il est utilisé. Mais condamné pour une injection d’Hypnovel, une substance agréée par les protocoles de sédation », souligne-t-il.

Le Dr Bonnemaison dénonce aussi un procès uniquement à charge à Angers, contrairement à celui de Pau en juin 2014, qui avait conduit à son acquittement. « Pourquoi le parquet général de Pau a fait appel du premier verdict d’acquittement ? Y a-t-il eu des consignes et, si oui, qui les a données ? J’ignore d’où cela vient », confie-t-il. « Tout ce que je sais, c’est que, pendant quatre ans, ils m’ont fait vivre un enfer. »

Une radiation qui ne passe pas

Nicolas Bonnemaison critique également le Conseil régional de l’Ordre des médecins d’Aquitaine qui l’a radié quelques jours après son acquittement. « Il n’y a eu aucune discussion possible. Ils m’ont radié sans savoir ce qu’il y avait dans le dossier », dit-il. Les avocats de Nicolas Bonnemaison ont saisi l’Ordre des médecins pour une révision de sa radiation. Un recours est aussi pendant à la Cour européenne des droits de l’Homme.

Comme pendant son procès, le médecin admet qu’il « aurait dû communiquer davantage avec l’équipe soignante » et réitère qu’associer systématiquement les familles, « c’est compliqué ».

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr