La maladie cœliaque (qualifiée à tort « d’intolérance » au gluten), est une entéropathie chronique liée à une réponse immunitaire inappropriée à la gliadine du blé (et à ses variétés épeautre et kamut), de l’orge et du seigle.
Elle touche 1 % de la population et, en plus des symptômes qu’elle provoque, expose à des complications, comme l’ostéoporose (par malabsorption de la vitamine D et du calcium) et les maladies auto-immunes (diabète, thyroïdites…) qui justifient chez l’adulte un régime sans gluten strict à vie (éviction du pain, des pâtes, semoules…).
Le diagnostic est à évoquer devant des troubles digestifs le plus souvent mineurs et non spécifiques (dyspepsie, ballonnements, diarrhée, constipation), plus rarement une malabsorption avec dénutrition, une anémie ferriprive isolée, une cytolyse, des fausses couches à répétition.
En cas de suspicion de maladie cœliaque, un dosage sanguin des anticorps anti-transglutaminase est indiqué. « Le dosage d’anticorps anti-transglutaminase doit être systématiquement couplé à un dosage pondéral des immunoglobulines. Car il n’est interprétable qu’en l’absence de carence en IgA », précise le Pr Zerbib.
Si les anticorps sont positifs, une endoscopie haute avec biopsies duodénales doit être effectuée à la recherche d’une atrophie villositaire. Repousse villositaire, négativation des anticorps anti-transglutaminase et disparition des symptômes après un an de régime sans gluten strict confirment le diagnostic.
Le régime sans gluten négative les tests de maladie cœliaque et les rend ininterprétables. « Il ne doit donc jamais être instauré sans test préalable. Si le patient s’est spontanément mis sous régime sans gluten, il doit reprendre une alimentation normale au moins pendant un mois, avant de faire les examens », rappelle le Pr Zerbib.
Les patients non cœliaques
Supprimer le gluten (une protéine) limite aussi l’ingestion des farines (comme les fructanes) appartenant au groupe des FODMAPS (hydrates de carbone fermentescibles). « Un patient atteint d’un syndrome de l’intestin irritable peut être amélioré par le régime sans gluten mais le plus souvent c’est la diminution des farines qui explique cette amélioration, cela ne signifie pas qu’il a une maladie cœliaque, dans laquelle les effets du gluten sont insidieux et rarement immédiats », rappelle le Pr Zerbib.
L’hypersensibilité au gluten non cœliaque regroupe les troubles digestifs et extradigestifs induits par le gluten et probablement d’autres protéines du blé (inhibiteurs de l’alpha-amylase et de la trypsine) chez des patients non cœliaques (tests négatifs). Néanmoins, des études randomisées ont montré : d’une part l’absence de preuve d’un effet dose-dépendant du gluten (1) ; d’autre part que les fructanes induisent plus souvent l’apparition de symptômes que le gluten ou le placebo (2), soulignant le rôle prépondérant des FODMAPS dans la genèse de leurs troubles. Le concept d’hypersensibilité au gluten non cœliaque est donc encore discuté.
Le Pr Zerbib conseille aux patients de « définir eux-mêmes quelle quantité de farine et FODMAPS ils peuvent ingérer et tolérer, plutôt que d’acheter des aliments pauvres en gluten, onéreux. Manger moins de pâtes et de pain leur fait du bien et les fait maigrir, mais il est inutile, en l’absence de maladie cœliaque, de faire un régime d’exclusion stricte ».
Rappelons qu’un régime sans gluten strict n’est pas anodin (risque de carences en oligoéléments, vitamine C et en fibres) et que les tests sanguins d’allergie alimentaire parfois proposés aux patients n’ont aucune valeur (mauvaise digestion et excès de fermentation ne sont pas de l’allergie).
(1) Biesiekierski JR. et al., Gastroenterology 2013;145:320-8.e1-3
(2) Skodje GI. et al., Gastroenterology 2018;154(3):529-539.e2
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