Le faux médecin, mais vrai podologue, jugé en correctionnelle

Publié le 03/06/2016

« On lui demandait son diplôme. Il disait qu'il était dans les cartons, qu'il déménageait, confie au “Quotidien” Sylviane Nazaret responsable d'hébergement de l'EHPAD de Béligneux (Ain). Ça a duré jusqu'à ce qu'un jour, le directeur en poste à l'époque exige qu'il lui présente son diplôme. Il est parti et n'est plus jamais revenu. On a cherché sur internet et on s'est aperçu qu'il était podologue ».

D'octobre 2012 à septembre 2013, un homme d'environ 45 ans s'est fait passer pour un médecin. Embauché via un cabinet de recrutement, il a exercé comme médecin coordinateur au sein de deux EHPAD, à Béligneux et à Échalas (Rhône).

Quatre mois de prison ferme

Jugé, mardi 31 mai, l'homme a comparu devant le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône pour « exercice illégale de la médecine » et « usurpation de titre ». Le procureur a requis quatre mois de prison ferme et l'interdiction d'exercer pendant cinq ans, selon le quotidien Le Progrès. « On ne peut pas mettre impunément la vie des gens en danger » aurait déclaré le procureur.

La défense a regretté des réquisitions « exagérées ». L'accusé a mis en avant le fait qu'il avait exercé des fonctions de médecin coordinateur, sans réaliser d'actes médicaux. « Je faisais de la coordination de soins, m'assurais de leur suivi, je gérais les liens entre médecins » a-t-il détaillé, selon les propos rapportés par Le Progrès. Le jugement a été mis en délibéré au 5 juillet prochain.

Mise à jour (lundi 6 juin 2016) :

Contacté ce lundi par « le Quotidien », le procureur du tribunal correctionnel de Villefranche, Grégoire Dulin, précise que le podologue avait déjà été jugé coupable d'abandon de famille par deux fois et condamné à des peines avec sursis, d'où la réquisition de quatre mois de prison ferme prononcée mardi dernier.

Grégoire Dulin ajoute que l'accusé a fait preuve d'« une attitude désagréable » et n'a avoué « les faits du bout des lèvres » qu'en fin d'audience, justifiant ses actes par un besoin d'argent pour payer sa pension alimentaire.

Le Conseil national de l'Ordre des médecins s'est porté partie civile.

 

D.P.

Source : lequotidiendumedecin.fr