LA PÉRIMÉNOPAUSE survient en moyenne vers 45 ans et s’étend sur trois à cinq ans. Elle se manifeste initialement, explique le Dr David Elia, par des dysovulations qui s’expriment au niveau des deux organes « les plus bavards » du corps de la femme : l’utérus et les seins. Les cycles s’allongent ou se raccourcissent, les règles sont moins abondantes, parfois absentes ou au contraire hémorragiques, les seins sont le siège de mastodynies, notamment chez les femmes qui y étaient déjà prédisposées. Ainsi se succèdent :
- des périodes de carence estrogénique marquées par l’absence de règles et la survenue d’un ou plusieurs symptômes de ménopause : bouffées de chaleur, sueurs, douleurs articulaires, fatigue, insomnies ;
- et des périodes d’hyperestrogénie durant lesquelles les symptômes de ménopause s’amendent, les seins sont plus tendus et les règles réapparaissent.
Une des erreurs les plus fréquentes.
« C’est une des erreurs les plus fréquentes, souligne David Elia, que de faire un diagnostic de ménopause sur la foi d’une absence de règles plus ou moins longue et de taux de FSH élevés et d’estradiol effondrés et de prescrire un traitement hormonal substitutif alors qu’il ne s’agit que d’une pause transitoire. En effet, dès que les ovaires recommencent à produire des estrogènes, la femme cumule ses propres estrogènes et ceux du traitement et se trouve dans une situation de surdosage, avec tension mammaire, règles hémorragiques, prise de poids… »
Savoir dans quelle période on se trouve.
Certaines périménopauses se passent très bien. D’autres sont très déstabilisantes car elles font alterner très rapidement des symptômes d’hypo et d’hyperestrogénie. « Il est probable, estime David Elia, que le stress de la vie quotidienne joue un rôle dans ces situations. »
En périménopause, les dosages hormonaux sont le plus souvent inutiles. En revanche, l’interrogatoire est important, pour repérer le premier symptôme et savoir dans quelle période on se trouve. « Mais il est difficile, note le Dr Elia, de répondre précisément à la question que posent souvent les femmes : " suis-je ménopausée ". »
Chez les femmes qui ont peu ou pas de symptômes de périménopause il y a urgence à ne pas traiter, précise D. Elia. Chez celles qui ont des ménorragies on peut instituer un traitement par progestatif dix jours par mois. Chez les femmes qui alternent des épisodes hypo et d’hyperestrogénie, la prescription d’une pilule peut être indiquée en utilisant une pilule de deuxième génération et à condition que la femme ne présente aucun facteur de risque : pas de tabagisme, pas d’HTA, pas de surpoids, pas d’antécédent de thrombose. Chez les femmes qui l’utilisaient jusqu’alors comme méthode contraceptive, la pilule peut être une manière très confortable de passer la période de périménopause, à condition, là encore, qu’il n’y ait aucun facteur de risque. Vers l’âge de 50 ans la pilule sera arrêtée pendant un mois, le temps de voir survenir ou non des manifestations de ménopause ou d’éventuelles règles. Si un traitement estroprogestatif s’avère alors nécessaire, la pilule sera remplacée par un estrogène par voie cutanée, associé à une progestérone micronisée ou à la dydrogestérone.
Entretien avec le Dr David Elia (gynécologue, Paris).
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