Helicobacter pylori

Les dyspepsies aussi !

Publié le 20/11/2015
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Dans les pathologies gastriques, le consensus international d’experts de Kyoto paru en 2015 et commenté à l’UEGW fait date. Après des années de débat, une nouvelle entité est officiellement reconnue : la dyspepsie induite par Helicobacter pylori. Avec un niveau de preuve maximal, les experts du « Kyoto consensus global report on H. pylori gastritis » affirment qu’il s’agit bien d’une maladie infectieuse qui doit être suspectée même si le patient n’a pas de complication comme un ulcère peptique ou un cancer gastrique, mais qu’il se plaint de digestion difficile, d’une satiété précoce, d’une pesanteur gastrique lors de la prise alimentaire.

Le rôle de l’inflammation bactério-induite est désormais clairement admis dans la genèse de tels symptômes dyspepsiques. Ces derniers peuvent être attribués à H. pylori à partir du moment où l’éradication de la bactérie entraîne une rémission prolongée des symptômes (6 à 12 mois). En l’absence de réponse ou si les symptômes réapparaissent ensuite, il s’agit alors d’une dyspepsie fonctionnelle.

Prise en charge révisée

Ces certitudes révisent la stratégie de prise en charge des malades dyspeptiques en incluant à la fois la recherche systématique et l’éradication d’H. pylori. « Chez une personne présentant une gastrite avec, typiquement, une brûlure épigastrique après la prise alimentaire, il est désormais recommandé de rechercher systématiquement H. pylori, par endoscopie ou test respiratoire, avant que ne se développe une gastrite atrophique ou une métaplasie intestinale, indique le Pr Philippe Ducrotté (Rouen). L’éradication bactérienne est la règle, par traitement séquentiel ou une quadrithérapie, car elle seule est en mesure de réduire le risque de cancer gastrique, lié à la sévérité et à l’extension des dommages atrophiques. » Le fait d’éradiquer H. pylori limite le risque de carcinogenèse gastrique puisqu’il est désormais considéré comme un facteur initial de la carcinogenèse. 

Une étude commentée à l’UEGW 2015 montré la faisabilité de l’éradication d’H. pylori dans une population asiatique. La bactérie a été retrouvée chez près de 60 % des 94 000 individus et l’éradication obtenue dans 73 % des cas après le traitement complet. Néanmoins, parce que l’éradication ne supprime pas totalement le risque de cancer, ces patients doivent être suivis au long cours par endoscopie/biopsie et histologie, la fréquence dépendant de l’extension, de la sévérité de l’atrophie gastrique et, surtout, de la présence de métaplasie. Une revue Cochrane vient de prouver la nécessité d’endoscopies régulières, qui peuvent révéler des cancers gastriques précoces jusqu’à 10 ans après l’éradication de H. pylori.

Dernière nouveauté à l’UEGW, avec les premiers résultats encourageants d’un vaccin oral recombinant contre H. pylori testé en phase 3 chez des enfants chinois. 


Source : lequotidiendumedecin.fr