En tête des médicaments à l’origine d’accidents iatrogènes nécessitant une hospitalisation, les AVK sont habituellement pointés du doigt pour leurs effets indésirables d’ordre hémorragiques. Mais aujourd’hui, l’ANSM met en garde contre leurs effets secondaires de type immuno-allergique observés notamment avec la fluindione (1).
► C’est par le biais d’une enquête réalisée par le Centre régional de pharmacovigilance de Lyon que le profil d’atteintes immuno-allergiques rapportées en France avec la fluindione par rapport à la warfarine et l’acénocoumarol a pu être comparé en termes de nature, de sévérité et d’incidence. L’ANSM étant engagée depuis 1999 dans un programme de prévention de la iatrogénie liée aux AVK. Cette étude a confirmé que l’utilisation de la fluindione est plus fréquemment associée à la survenue d’atteintes immuno-allergiques, rares mais souvent sévères, en particulier, des atteintes rénales, hépatiques, hématologiques ou des atteintes cutanées à type de DRESS (association variable d’une éruption cutanée, d’une fièvre et d’une hyperéosinophilie).
► L'ANSM invite donc les professionnels de santé à « privilégier la prescription d’AVK de la famille des coumariniques lors d’une initiation de traitement ». Et à être « particulièrement attentifs à ce risque immuno-allergique au cours des 6 premiers mois d’un traitement par fluindione ». En revanche, « compte tenu des risques liés au changement de traitement, la poursuite du traitement par fluindione, chez les patients traités par cette molécule depuis plus de 6 mois et bien équilibrés, peut être privilégiée ». Le risque immuno-allergique est réduit au-delà de 6 mois de traitement.
► Chez les patients ayant débuté un traitement par fluindione depuis moins de 6 mois, la fonction rénale doit être surveillée régulièrement ainsi que tout signe pouvant évoquer un effet indésirable immuno-allergique de type cutané, hépatique ou hématologique. Le rôle potentiel de la fluindione doit être évoqué en cas d’altération de la fonction rénale et/ou du bilan hépatique, d’apparition d’une neutropénie brutale ou de manifestations cutanées.
► En cas de confirmation de l’atteinte immuno-allergique, le traitement par fluindione doit être rapidement et définitivement interrompu. Le traitement par fluindione devra être remplacé par un autre anticoagulant oral.
► L’évolution est généralement favorable après l’arrêt précoce du traitement et la mise en place d’une corticothérapie. Cependant, une altération de la fonction rénale persiste chez certains patients, notamment avec l’apparition d’une insuffisance rénale chronique ou l’aggravation d’une insuffisance rénale chronique préexistante. Ces séquelles sont généralement observées en cas de retard au diagnostic et d’arrêt tardif du traitement par la fluindione.
► En France, 82 % des patients traités par AVK reçoivent de la fluindione (Previscan®), 13 % de la warfarine (Coumadine®) et 5 % de l’acenocoumarol (Minisintrom® et Sintrom®). La warfarine est l’AVK le plus utilisé dans le reste du monde.
1- http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-informati…
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