CHAPITRE 3 : SURVEILLER LE TRAITEMENT

Publié le 12/12/2014
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La fréquence de suivi

L’Académie de Médecine [9] a préconisé en mai 2014 que le patient soit revu chaque semaine le 1er mois, puis tous les 15 jours le 2e mois. Le rythme ultérieur, au moins mensuel, sera programmé avec le patient en fonction de son état clinique, de l’efficacité et de la tolérance de l’antidépresseur, des médicaments associés et de la qualité de l’alliance thérapeutique. Insomnie, irritabilité, anxiété, hyperactivité, nervosité et, a fortiori, l’existence d’idées suicidaires nécessitent des consultations plus fréquentes, voire un avis spécialisé.

› L’anxiété et le sommeil commencent généralement à s’améliorer après quelques jours de traitement ; le ralentissement psychomoteur et les idées suicidaires après une à deux semaines de traitement, puis l’humeur proprement dite après 2 à 4 semaines de traitement [3, 10].

› Les effets indésirables précoces, pour la plupart dose-dépendants, sont pour la majorité transitoires. Sous ISRS et IRSN, il s’agit essentiellement de nausées/vomissements, diarrhée, insomnie et/ou somnolence, vertiges, céphalées, voire anxiété. Ensuite, il faudra rechercher les effets secondaires particulièrement pourvoyeurs d’arrêt prématuré : prise de poids et troubles sexuels, parmi lesquels le retard à l’orgasme est le plus rapporté (la moitié des patients sous ISRS).

Les échelles d’évaluation

De multiples échelles permettent d’évaluer la sévérité d’un syndrome dépressif en consultation. Certaines d’entre elles bénéficient de la cotation CCAM « ALQP003 » : Hamilton, MADRS, Beck, etc. [11]. Le prix de cet acte est de 69,12 euros.

Il ne s’agit en aucun cas d’outils diagnostiques [12-14].

› L’échelle de dépression de Hamilton « HDRS » (Hamilton Depression Rating Scale) est une échelle d’hétéroévaluation. Sa version la plus utilisée comprend 21 items, dont de nombreux centrés sur la sphère somatique, qui doivent être cotés en intensité. Il est possible d’utiliser un guide d’entretien semi-structuré pour la remplir. La passation dure entre 20 et 30 minutes. Elle a été initialement conçue pour évaluer quantitativement la sévérité des manifestations dépressives et suivre leur évolution sous traitement [15].

› L’échelle de dépression de Montgomery et Asberg « MADRS » (Montgomery & Asberg Depression Rating Scale) est une échelle d’hétéroévaluation plus courte, en 10 items gradués de 0 à 6. Elle est particulièrement sensible au changement sous traitement, distingue les différents degrés de gravité et est validée en psychogériatrie et dans la maladie de Parkinson. Contrairement à l’échelle de Hamilton, elle évalue peu l’anxiété et le ralentissement.

› L’échelle de dépression de Beck « BDI » (Beck Depression Inventory) abrégée est un autoquestionnaire en 13 items gradués de 0 à 3. Elle mesure le ressenti subjectif et complète en cela la HDRS ou la MADRS. Un intervalle d’au moins 8 jours doit être respecté entre les passations.

› L’échelle d’anxiété et de dépression « HAD » (Hospital Anxiety and Depression Scale) est un auto-questionnaire souvent utilisé du fait de sa simplicité avec 7 items centrés sur la dépression et 7 autres sur l’anxiété pour un temps de passation de 2 à 6 minutes. La sous-échelle de dépression a une sensibilité de 70 % et une spécificité de 68 %.

Conçue pour les patients hospitalisés en service de médecine, elle permet d’évaluer manifestations dépressives et anxieuses en s’affranchissant des symptômes organiques susceptibles de fausser l’évaluation. Sensible au changement, elle permet de suivre l'évolution de la symptomatologie au cours du temps [16].



Source : lequotidiendumedecin.fr