> C’est à l’adolescence que le recours au médecin est le moins fréquent, mais 75-80% des adolescents ont vu leur médecin généraliste (MG) dans l’année, avec une moyenne de 2,3 consultations.
Le MG se trouve donc théoriquement dans une position privilégiée [24] pour le dépistage des troubles psychiques. Ce dépistage nécessite d'ouvrir la consultation au-delà du motif initial de consultation car l’adolescent exprime rarement plus d’un motif de consultation et que 6% des consultations de l'adolescent concernent explicitement un motif « psychique », possiblement parce que les ados jugent que « ce n’est pas le rôle du MG de s’occuper de ces problèmes [15] : le MG se cantonne à « traiter les pathologies organiques ». La formule « à part ça, oui mais encore ? » multiplie par 4 la fréquence d’ouverture à des éléments psychologiques.
> Parmi les plaintes somatiques appelées aussi « symptômes flous » de l’adolescent dépressif, on retrouve les céphalées fréquentes, les douleurs abdominales récurrents, les malaises/sensation de malaise à répétition. Dans les faits, le médecin n'élargit vers d’autres domaines que moins d’une fois sur deux quand le motif est administratif ou préventif et une fois sur trois quand il est somatique.
À noter que les adolescents suicidants consultent plus souvent que les non suicidants [21], ce qui impose davantage de vigilance pour un ado qui consulte davantage, même pour des motifs banals.
> 85 % des jeunes déclarent avoir une bonne relation avec leur médecin traitant [13] et 89 % sont satisfaits de la façon dont leur médecin traitant s’occupe d'eux. 30 % des jeunes n'auraient pas l’impression, à la fin de la consultation, d’avoir tout dit. Il est donc légitime de dépister au-delà de la plainte, même si cela est parfois laborieux : les médecins éprouvent des difficultés [14] à communiquer avec l'adolescent (« fuyant », « hermétique », « lui tirer les vers du nez ») qui, parfois, sont dans l’expectative, attendant du MG qu’il mène la discussion ; le MG peut interpréter cette posture comme un manque de demande. Les MG déplorent, bien sûr, un manque de temps pour écouter-parler-conseiller, et regrettent souvent une formation insuffisante.
Outre l'expérience clinique et les questions ouvertes, il existe des outils utiles au repérage :
- le questionnaire ADRS (Adolescent Depression Rating Scale), comporte un autoquestionnaire en 10 points et une évaluation par le clinicien en 10 items. Il permet le dépistage des EDC.
- le questionnaire TSTS-CAFARD est le test le mieux validé pour approcher la problématique suicidaire.
> La grande majorité des adolescents est favorable à l’utilisation de ces outils [15] et y voit l'opportunité de s'exprimer plus aisément sur certains sujets embarrassants. L'utilisation de questionnaires permet aux adolescents d’admettre des difficultés dont ils n’auraient peut-être pas pensé discuter initialement [16]. La question des idées suicidaires peut aussi s’aborder de façon très directe et permet généralement un soulagement chez l’adolescent concerné : « As-tu des idées noires ou des idées
suicidaires ? » Et, si la réponse est oui, « à quoi as-tu pensé concrètement ? ». Un projet suicidaire est une urgence contrairement à des idées « flottantes ».
> La proximité des parents est parfois difficile à gérer. Dans 90% des cas, le MG consulté par l’adolescent est également celui des parents. L’adolescent doit systématiquement être rassuré quant à la confidentialité de ses propos, ce dont il doute fréquemment. Les ados interrogés considèrent [15] la proximité des parents comme une barrière mais, 8/10 sont accompagnés d’au moins un parent et 1/3 seulement souhaiterait être seul en consultation, comme si les parents constituaient une protection contre les questions jugées embarrassantes.
Ce paradoxe apparent reflète parfaitement l’adolescence en elle-même : période de transition où le jeune est tiraillé entre l'envie de rester enfant sous la protection de ses parents, et le désir de devenir adulte avec toute l'appréhension que cela suscite. La HAS recommande [4], quel que soit le motif initial de consultation, de s'entretenir avec l’ado et de l'examiner sans la présence des parents. Le médecin doit être à l'interface entre l'adolescent et les parents.
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