J’EXPLIQUE
›La migraine est une maladie neurologique d’origine génétique. La prédisposition à la migraine passe par la présence de nombreux gènes qui aboutissent à une moindre production de la sérotonine intra-cérébrale. Ainsi que d’un autre gène aboutissant à une trop forte présence de glutamate intra-cérébral. Il existe pour chaque migraineux un seuil de déclenchement de la migraine génétiquement déterminé.
› Pendant la crise, ce déséquilibre pour la sérotonine et le glutamate s’accentue d’avantage sous l’influence de facteurs déclenchant. Ils peuvent être : psychologiques (stress, anxiété, levée de stress) ; hormonaux (règles) ; alimentaires (repas gras, alcool, hypoglycémie) ; manque de sommeil…
›Ces facteurs provoquent un dysfonctionnement des centres du tronc cérébral qui commandent le calibre des artères cérébrales par l’intermédiaire du nerf trijumeau. D’où une dépression neuronale, qui se propage « comme un tsunami » jusqu’au lobe occipital du cerveau (ce qui explique « l’aura » constatée chez certains patients). Cette dépression neuronale stimule secondairement des récepteurs à la douleur sur le nerf trijumeau.
› Cette stimulation induit une dilatation secondaire des artères méningées dure-mériennes avec largage de protéines de l’inflammation (bradykinine, substance P, CGRP). Ce qui provoque une inflammation aseptique au niveau des artères méningées. D’où un message douloureux envoyé au cerveau.
›Le centre neuronal des nausées et des vomissements est également stimulé pendant la crise, d’où les signes digestifs.
› La migraine sans aura (85 % des patients) est une crise qui dure de 4 à 72 heures, ayant au moins deux des caractéristiques suivantes : unilatérale, pulsatile , modérée ou sévère, aggravées par les activités physiques de routine telles que la montée ou la descente des escaliers. On observe durant les céphalées au moins un des caractères suivants : nausées et/ou vomissements, photophobie et phonophobie. Enfin l’examen est normal entre les crises.
› La migraine avec aura (15 % des patients) se manifeste par des crises s’accompagnant d’aura, c'est-à-dire des signes neurologiques transitoires s’installant en 5 minutes et durant moins d’une heure précédant usuellement les céphalées. L’aura peut être visuelle (99 % des cas), sensitive, aphasique. Elle est très exceptionnellement motrice.
› Le diagnostic ne se fait que par l’interrogatoire et les examens complémentaires sont inutiles.
J’INFORME
› La migraine débute habituellement chez les enfants ou les adultes jeunes.
› Chez l’enfant elle est assez souvent méconnue car les crises sont plus courtes: une à vingt-quatre heures ; les maux de tête sont quasiment toujours bilatéraux ; les troubles digestifs sont au premier plan ; il existe une pâleur inaugurale du visage ; le sommeil a un effet thérapeutique sur la migraine ; des équivalents migraineux sont retrouvés : mal des transports, douleurs abdominales cycliques, torticolis à répétitions, parasomnies.
›À la puberté, la migraine touche trois femmes pour un homme. Son pic chez la femme est entre vingt et quarante ans (à cet âge elle touche une femme sur trois).
› Au-delà de soixante ans, seuls 10 % des migraineux ont toujours une migraine active.
›Les interactions pilule-migraine sont très variables. Mais la prise de pilule chez une fumeuse ayant une migraine avec aura augmente son risque de faire un AVC (risque relatif multiplié par 32 à34).
›Pendant la grossesse, la migraine disparaît ou diminue dans la grande majorité des cas.
› Les migraineux ont souvent des traits anxieux. D’où l’intérêt, chez eux, d’une activité de loisir une fois par semaine, pour diminuer les stress.
›Les seules indications pour pratiquer un scanner ou une IRM cérébrale sont : chez un migraineux connu, devant une céphalée d’apparition brutale (« en coup de tonnerre ») ou une céphalée récente se différenciant de la céphalée habituelle ou encore une anomalie à l’examen clinique.
JE PRESCRIS
› Si les crises sont modérées, une prescription d’AINS (kétoprofène, naproxène sodique, ibuprofène, diclofenac) est effectuée; Il faut coprescrire sur la même ordonnance un triptan, à prendre si l’AINS ne fonctionne pas au bout d’une heure (traitement de secours). Si lors de trois crises différentes, l’AINS n’est pas efficace, ou s’il existe une intolérance, il faut passer aux triptans d’emblée.
›Si les migraines sont sévères, avec un retentissement fonctionnel, les triptans sont administrés d’emblée.
› Le passage au traitement de fond s’effectue en fonction de la fréquence des crises, de leur intensité, en cas de retentissement socioprofessionnel invalidant et s’il existe une consommation de six à huit prises de traitement de crise par mois depuis trois mois.
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