Dans sa dernière édition, la revue Exercer publie une étude étonnante comparant la satisfaction des médecins généralistes sur la prise en charge des patients déprimés des deux côtés de la Manche (1). Avec 12 millions de consultations, les troubles mentaux occupent le 2E poste de dépenses de soins (10,6%) derrière les maladies cardio-vasculaires en France.
Les recommandations de prise en charge de la maladie dépressive des deux côtés de la Manche sont équivalentes et préconisent d’associer des mesures non médicamenteuses (information, relation d’aide, psychothérapies, hospitalisations si besoin) et des psychotropes. Seule change la nature du système de soins. Le GP, généraliste britannique, étant le véritable pivot des soins de première ligne, assure un filtre pour l’accès aux soins secondaires. Et le système des PCT (primary care trust), propre au Royaume Uni, fédère l’offre de soins locaux sans dissocier ville et hôpital.
Dans ce contexte, un questionnaire postal identique a été rempli en 2007 par 2118 médecins généralistes français (8700 envois) et a été comparé aux 1703 réponses des GPs bitanniques (3730 envois). On apprend ainsi que nos voisins britanniques étaient globalement plus satisfaits de la prise en charge de leurs patients dépressifs (en terme de FMC, information sur les guides de pratique, fonctionnement de l’interface soins primaires/soins secondaires).
Sur la formation, les GPs étaient deux fois plus nombreux à déclarer connaître un guide de pratique clinique sur la dépression ou son traitement ; leur participation à la FMC était supérieure (rappelons toutefois que leur formation est obligatoire et ainsi que leur certification quinquennale). Les deux obstacles perçus comme gênants par les GPs étaient le manque de temps et l’excès de travail.
Les médecins généralistes français (MG) déclaraient de leur côté trois obstacles majeurs : le manque de services spécialisés, les difficultés d’accès et l’inadaptation de ces services spécialisés à leur demande. Des constats surprenants au regard d’une part de la durée du temps de travail des deux côtés de la Manche (53 heures par semaine pour les MG contre 44 heures pour les GPs) et de la démographie spécialisée plus favorable côté français (la France compte un taux supérieur de psychiatres et de lits de psychiatrie qu’en Grande-Bretagne).
Aux auteurs de l’étude de s’interroger sur les effets d’une formation moindre, d’une communication déficiente entre professionnels et des soins moins disponibles malgrè une démographie favorable, à l’origine de l’insatisfaction des MG. Et de conclure que « plutôt que de raisonner en nombre de psychiatres, la situation de la prise en charge des patients déprimés aurait tout à gagner à une réflexion de fond sur l’organisation de l’offre de soins, la répartition et le rôle respeectif des praticiens. » Un fameux pavé dans la mare des adeptes de l’« avoir plus pour faire mieux ».
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