Un constat : 41 % des diabétiques de type 2 en France ne sont pas aux objectifs d'HbA1c, avec en 2007 un taux moyen supérieur à 7 % (1). Entre 2001 et 2007, la diminution moyenne de l'HbA1c n'a été que de 0,3 %. En cause, le manque de suivi des recommandations de la part des prescripteurs, surtout en termes d'ajustement du traitement en fonction de la valeur d'HbA1c.
-› Telles sont les conclusions de l'étude DIAttitude parue dans le dernier numéro de Diabetes & Metabolism, dont l'objectif était de décrire les pratiques des généralistes français quant à l'intensification des traitements hypoglycémiants selon le niveau d'HbA1c chez les diabétiques de type 2 (DT2). Les médecins participants (236) ont inclus 2109 patients DT2 traités uniquement par hypoglycémiants oraux depuis 6 mois.
Plus de la moitié des patients (52 %) étaient traités par monothérapie, 33 % par bithérapie, et 14 % par tri ou quadrithérapie. Parmi les 1732 patients pour lesquels on disposait d'une valeur d'HbA1c datant de moins de 6 mois, 41 % nécessitaient une intensification du traitement, surtout s'ils étaient traités par mono- ou bithérapie. Mais seuls 7 % d'entre eux en ont bénéficié, le traitement restant inchangé pour les 93 % restants.
-› La non-intensification du traitement était justifiée par un taux d'HbA1c satisfaisant pour 53 % des médecins, bien que dans 37 % des cas, l'HbA1c excède 7 %. Parmi les autres raisons mises en avant, figuraient le souhait de renforcer d'abord les mesures hygiéno-diététiques (20 %), la décision de repousser la modification thérapeutique à la prochaine visite (11 %), la diminution de l'HbA1c depuis la précédente visite (7 %), la priorité donnée à une autre pathologie que le diabète (6 %), et pour 3 %, des raisons tenant au patient (acceptation du traitement et compliance). Les auteurs concluent que si cette étude met en évidence un comportement témoignant d'une véritable "inertie thérapeutique", elle rappelle la légitimité d'approches privilégiant le renforcement des mesures hygiéno-diététiques avant intensification du traitement médicamenteux ou la prise en compte de la fragilité de certains patients.
-› Une publication parue dans le même numéro de Diabetes & Metabolism, analyse ce qui se profile derrière le concept d’inertie thérapeutique, à la lumière de la spécificité de l'exercice de la médecine générale (2). Plusieurs situations peuvent ainsi passer, à tort, pour de l'inertie : lorsque le médecin prescrit des mesures non pharmacologiques, lorsqu'il ménage son patient en lui laissant le temps nécessaire pour intégrer ces changements dans sa vie ou encore, lorsque la priorité est donnée à un autre facteur de risque cardiovasculaire (cholestérol, pression artérielle).
L'inertie thérapeutique existe pourtant quand le couple médecin-patient procrastiné à mettre en place les modifications thérapeutiques qui s'imposent, lorsque la résignation fait loi ou lorsque la complexité des schémas thérapeutiques fait barrage. Les auteurs appellent de leurs vœux une synergie entre médecins généralistes et diabétologues, qui permettrait au final d'améliorer l'équilibre glycémique des patients.
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