> L’Institut de veille sanitaire (InVS) vient de consacrer un numéro du BEH (7-8 mars 2016), à la santé cardiovasculaire des femmes. Selon cet organisme, il « est urgent de bouleverser nos cultures sociétales qui considèrent encore que les femmes jeunes sont protégées des maladies cardio-vasculaires par leurs hormones ». En effet, l’épidémiologie des maladies cardio-vasculaires chez la femme, et particulièrement des coronaropathies, est, d’après l’InVS, préoccupante.
> L’Institut constate une aggravation significative, sur les cinq dernières années, du nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde chez les femmes jeunes. Ainsi la progression de ce nombre d’hospitalisations chez les femmes de 45 à 54 ans est passée de +3 % par an entre 2002 et 2008 à +4,8 % par an entre 2009 et 2013. Constat tempéré par le fait qu’il est observé des tendances plus favorables chez les femmes plus âgées (65 ans et plus). En outre, les taux standardisés de mortalité ont aussi baissé (-31 % entre 2002 et 2012 chez les femmes de moins de 65 ans et -55 % chez les plus de 65 ans), « ce qui souligne la qualité de la prise en charge médicale de l’IDM en France », pointe l’InVS.
> Les causes de cette augmentation des infarctus chez les femmes jeunes, s’expliquent essentiellement, selon l’Institut, par l’évolution de leur mode de vie, avec l’adoption, depuis trente ans, des mêmes comportements à risque que les hommes : tabagisme, stress, sédentarité, mauvaises habitudes alimentaires, et, plus récemment l’alcool. Au-delà, les femmes connaissent également une exposition à des facteurs hormonaux spécifiques tout au long de leur vie, due à la contraception utilisant des œstrogènes de synthèse, à la grossesse et ses risques thrombotiques, vasculaires ou métaboliques. À la ménopause, enfin, avec sa phase de transition vasculaire et métabolique.
> La prise en charge est aussi compliquée par le fait que la pathologie coronaire admet chez les femmes des particularités physiologiques et des symptômes atypiques (lésions coronaires moins étendues, moins sténosantes plus diffuses, plus d’ischémie sous endocardiques, d’avantage d’angines de poitrine comme première manifestation de la maladie, etc.).
> Cette prise en charge, constate l’InVS est moins bonne que chez les hommes : le dépistage est plus tardif ou incomplet, le délai avant l’appel du 15 est plus important, les femmes hésitant davantage à appeler le Samu, On note de plus une insuffisance de prescription des traitements médicamenteux lors d’épisodes cardiovasculaires, le risque féminin étant souvent sous-estimé. Par ailleurs, chez la femme, les procédures de revascularisation sont plus complexes, ce qui est lié à la constitution même de leurs artères. Enfin, on note, chez elles, un recours peu fréquent à la réadaptation après un accident cardio-vasculaire.
> L’InVS, devant ce constat, préconise le développement de vastes campagnes d’information et de prévention, visant à combattre les idées reçues et incitant les femmes à prendre soin de leur cœur et de leurs artères. Ainsi que de s’appuyer pour ce faire sur les centres de PMI, les CPAM, et la médecine du travail.
1-BEH, 7-8 mars 2016. Mounier-Vehier C. Santé CV des femmes : il faut œuvrer ensemble pour une prévention féminine individuelle.
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