Repères patient

Gastro-entérites : vigilance sur le diagnostic

Publié le 05/12/2014
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La gastro-entérite virale aiguë peut parfois rapidement évoluer défavorablement chez les jeunes enfants et les sujets âgés. Son diagnostic peut être aussi posé à tort en période épidémique à la place d'un diagnostic plus sévère comme une appendicite ou une salmonellose.

J'EXPLIQUE

• 80 % des gastro-entérites sont liées à divers virus, en particulier les rotavirus et calicivirus, dans les pays développés.

• Les agents pathogènes peuvent aussi être des salmonelles, des shigelles ou E. coli dans 10 % des cas, à l'origine de symptômes plus marqués et plus durables qu'en présence de virus.

• Enfin des parasites (Giardia, Cryptosporidium et amibes) peuvent être aussi à l'origine de tableaux de gastro-entérite dans les autres cas.

• Les jeunes enfants, les personnes âgées ou souffrant d'une pathologie chronique comme le diabète sont plus menacés par les complications potentielles des gastro-entérites virales ou autres, en particulier vis-à-vis d'une déshydratation, de vomissements abondants et d'une forte fièvre.

• Les symptômes habituels sont la diarrhée de survenue brutale, les nausées, vomissements, douleurs abdominales à type de crampes, fièvre à 38- 39°, fatigue, maux de tête, anorexie transitoire, soif intense. Habituellement ces symptômes sont rapidement résolutifs en 48-72 heures.

• Pour les gastro-entérites virales, ces tableaux symptomatiques peuvent prendre des visages différents comme des simples nausées et vomissements sans diarrhée (gastro-entérite haute) ou, au contraire, uniquement des diarrhées profuses sans nausées et vomissements (gastro-entérite basse), le plus souvent dans un contexte épidémique.

• Enfin, surtout dans un contexte épidémique, il faut rester vigilant pour ne pas passer à côté d'une pathologie plus grave comme une appendicite ou une gastro-entérite bactérienne qui nécessitent des soins spécifiques.

• Les symptômes qui doivent mettre en alerte sont alors des symptômes plus marqués comme une fièvre à plus de 39°, du sang dans les selles, des vomissements à répétition, une altération brutale de l'état général.

• Les gastro-entérites ont un impact sociétal important du fait de l'absentéisme et du coût des soins à délivrer. D'où l'importance d'une prévention de la chaîne de contamination (cf schéma).
 

JE PRESCRIS

• Une évaluation des pertes liquidiennes (nombre et quantité de selles ou vomissements par jour, déshydratation du fait d'une fièvre importante, perte de poids) est nécessaire pour décider ou non d'une hospitalisation ou adapter les modalités de réhydratation éventuelles, en particulier chez le jeune enfant ou la personne âgée.

• La mesure du poids pour évaluer la perte de poids, la recherche de signes de déshydratation (pli cutané, fontanelle déprimée, orbites oculaires enfoncées...) sont importantes à réaliser pour prendre la mesure du degré de déshydratation.

• Des conseils de prévention pour les risques de contamination de l'entourage, en particulier le risque fécal : se laver fréquemment les mains avec un savon, éviter les contaminations par les eaux usées ou les coquillages, ne pas trop s'approcher des enfants en bas âge ou des personnes âgées du fait du risque de contamination aérienne.

• Des conseils hygiéno-diététiques : arrêt des laitages, graisses, sauces. S’alimenter avec des bouillons, des légumes, du riz, des carottes, des pommes,. Diète hydrique et un peu salée, liquides abondants, éventuellement avec des prises fréquentes et fractionnées en présence de vomissements...)

• Parmi les traitements médicamenteux, les ralentisseurs du transit sont déconseillés. En ralentissant le transit, les germes risquent de stagner dans le tube digestif et de prolonger voire d'aggraver les symptômes.

• Il est possible en revanche d'en utiliser avec modération pendant une durée limitée pour des raisons «?pratiques » (pas de toilettes à disposition, voyage en voiture prolongé, travail à l'extérieur).

• En cas de douleurs abdominales ou de fièvre, il est possible de prendre des médicaments comme le paracétamol. Si la gastro-entérite est d'origine virale, les antibiotiques et anti-bactériens intestinaux n'ont pas leur place.

• Les pansements digestifs qui favorisent la restauration de la muqueuse digestive. Des ferments lactiques ou les probiotiques qui aident à la reconstitution de la flore. Enfin le charbon actif qui a un pouvoir absorbant.

• Le vaccin oral anti-rotavirus est désormais recommandé chez le nourrisson par le HCSP. Il doit être prescrit dès le 2e mois de vie.
 

JE RENVOIE SUR LE WEB

 

Dr Jean-Pierre Rageau, d’après les conseils pratiques de la Société Nationale Française de Gastro-entérologie, décembre 2011.

Source : lequotidiendumedecin.fr