J’EXPLIQUE
• Les conjonctivites constituent la principale manifestation allergique des pathologies de la sphère oculaire. Souvent associée à une rhinite allergique dans sa forme saisonnière, elle est souvent l’apanage de patients présentant d’autres manifestations d’atopie qu’il faut savoir rechercher à l’interrogatoire : rhinite (42 % des cas), asthme (24 %), dermatite atopique (30 %), allergie alimentaire.
• 90%des conjonctivites allergiques sont des formes saisonnières et perannuelles. La conjonctivite saisonnière (CS) débute généralement au printemps, et s’accompagne de sensations de prurit ou de brûlures, et de larmoiements. Elle survient à la suite d’un contact direct avec un allergène auquel la muqueuse conjonctivale est sensibilisée. Généralement bilatérale, elle peut être très « bruyante » avec un chémosis palpébral très marqué.
Les allergènes sont le plus souvent les pollens de graminées, d’arbres et d’herbacées. Mais il ne s’agit pas toujours d’aéroallergènes. La conjonctivite allergique perannuelle (CP) est souvent plus discrète, chronique.
La symptomatologie peut être présente toute l’année avec parfois des recrudescences saisonnières . Les symptômes (prurit et l'œdème) sont moins importants que dans la conjonctivite saisonnière. Bénignes, ces deux formes de conjonctivites répondent à un mécanisme d’hypersensibilité immédiate en réaction à l’allergène.
• À côté de ces formes bénignes, plus graves et rares sont les kératoconjonctivites vernales (KV) et atopiques (KA). Leur gravité est liée à l’atteinte cornéenne. L’hypersensibilité étant de type cellulaire, les mécanismes impliqués sont plus agressifs que dans les conjonctivites simples. La KV touche plutôt le petit garçon.
Les symptômes sont graves et invalidants. Elle régresse généralement à la puberté. Rare et parfois source de baisse visuelle, la kératoconjonctivite atopique (KA) associe une kératoconjonctivite chronique sévère à une dermatite atopique chez l’adulte de 30 et 50 ans de sexe masculin majoritairement. Elle est parfois une forme évolutive de KV.
JE PRESCRIS
• Les CS sont traitées efficacement au moment des crises par des irrigations de sérum physiologique glacé (gardé au réfrigérateur), des collyres antihistaminiques et des collyres d’antidégranulants mastocytaires. On conseille aux patients de tenter d’identifier les allergènes. S’il s’agit de pollens, leur recommander d’éviter au maximum l’exposition extérieure lors des périodes de forte pollinisation et de porter alors des lunettes de soleil, de se doucher en rentrant chez soi, de changer de vêtements. Le bilan allergologique peut permettre de faciliter l’éviction en identifiant l’allergène et en suivant alors le calendrier pollinique pour limiter le contact. D’une année sur l’autre, en prévision des crises, les patients peuvent anticiper le traitement.
• Les conjonctivites perannuelles nécessitent plus souvent un bilan allergologique avec désensibilisation à la clé si l’allergène le permet. Toutes les mesures d’éviction des allergènes domestiques doivent être mises en place (antiacariens, éviction des oreillers à plumes, des moquettes, éviter les chats, etc.). Les épisodes de crises sont traités de la même manière que les conjonctivites allergiques saisonnières.
• Les formes de kératoconjonctivite vernale et atopique relèvent de traitements locaux anti-allergiques auxquels on ajoute des cures de traitements immunosuppresseurs (corticoïdes, ciclosporine, tacrolimus). Le bilan allergologique est dans ces cas indispensable, mais n’est positif qu’une fois sur deux environ.
J’ALERTE
• Ne pas recourir aux collyres corticoïdes pour traiter une conjonctivite saisonnière.
Le risque de ces traitements est infectieux, herpétique notamment et leur prescription répétée peut entraîner glaucome et cataracte. Un simple traitement anti-allergique suffit à soulager le patient, notamment les antihistaminiques.
• Toute baisse de vision doit conduire à consulter un ophtalmologiste rapidement en raison de la crainte d’une atteinte cornéenne.
• Eviter le port de lentilles de contact lors des poussées allergiques. La surface oculaire étant inflammatoire, leur port pourrait induire une intolérance.
• L’œil allergique est plus à risque de complications après chirurgie de la myopie, de la cataracte, ou greffe de cornée.
• Une conjonctivite évoluant de mars à octobre chez l’enfant doit être considérée comme une kératoconjonctivite vernale jusqu’à preuve du contraire.
JE RENVOIE SUR LE WEB
http://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/e25dc9b71ff4e765c75d85f804c1b2a1.pdf
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