Les affections respiratoires virales chez le nourrisson, telles que la bronchiolite, ont une porte d’entrée principalement ORL. En plus de l’inflammation bronchique, l’obstruction nasale associée est responsable d’une amplification de la gêne respiratoire, d’une perturbation de la qualité du sommeil et de l’alimentation de l'enfant.
La gêne respiratoire évolue fréquemment vers une dyspnée, accompagnée le plus souvent d’un frein expiratoire et d’une respiration bruyante. Cette dyspnée peut également s’accompagner d’une toux, majorant la baisse de qualité de vie de l’enfant.
Toute obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) ou inférieures (VAI) génère chez lui une fatigabilité importante et de l’anxiété, bien plus rapidement que chez l’adulte.
Cela met non seulement le nourrisson en état de détresse et de plainte, mais également dans une situation vécue comme une urgence par le parent. Le médecin généraliste est en première ligne face à cette situation qui peut conduire jusqu’à l’hospitalisation. En fonction de l’état de santé clinique de l'enfant, de l’environnement familial, de la pratique du médecin généraliste… le lavage de nez peut être effectuée par le praticien lui-même et montré au parent (voir photos ci-contre).
D’autres fois, la prescription de kinésithérapie peut se justifier dès le diagnostic, pour un suivi et une veille sanitaire, en étroite relation avec le médecin traitant. Cette prescription s’inscrit dans une logique de réactivité, de surveillance et de continuité des soins. La kinésithérapie respiratoire peut être considérée comme le traitement non médicamenteux des symptômes de l’enfant.
Par décret de compétence, le kinésithérapeute a le choix de ses techniques, de la fréquence et du nombre de séances. Sauf si le médecin en décide autrement (notamment en ce qui concerne le nombre).
Dans ce cadre, il est plus adapté de recommander aux médecins de prescrire une ordonnance spécifiant uniquement « kinésithérapie respiratoire » et d'adresser le patient à un kinésithérapeute formé aux particularités anatomo-physiologiques du jeune enfant.
PRISE EN CHARGE
Le kinésithérapeute, formé à la prise en charge pneumo-pédiatrique, est en mesure de mettre en place une évaluation des besoins, ainsi qu’une démarche clinique respectueuse de l’anatomo-physiologie particulière du nourrisson et de son stade d’évolution psychomotrice.
Le soignant débute sa prise en charge par l’évaluation de la fréquence respiratoire, de la saturation en oxygène, de la fréquence cardiaque, des éventuels signes de lutte, de l’encombrement, de la toux, du sommeil et de l’alimentation.
Les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) de 2019 sur la prise en charge de la bronchiolite insistent sur la nécessité d’assurer la liberté des VAS et recommandent le lavage des cavités nasales de façon systématique et pluriquotidienne (1). Dans ces recommandations, la HAS confirme que les techniques kinésithérapiques de désencombrement bronchique de type clapping, vibration et drainage postural sont contre-indiquées et que la technique d’AFE (augmentation du flux expiratoire) n’est pas recommandée chez l’enfant hospitalisé. Pour autant, l’intervention du kinésithérapeute peut être utile à plus d’un titre. Ainsi, le kinésithérapeute adapte les soins à l’état clinique et au comportement de l’enfant.
L’obstruction nasale chez l’enfant générant des résistances rhino-bronchiques, la kinésithérapie cherchera à lever ces résistances en respectant le bien-être de l’enfant.
Les soins sont pratiqués avec une extrême délicatesse, ne doivent être ni brutaux ni douloureux. Le lavage des cavités nasales, geste longtemps laissé à l’empirisme, bénéficie aujourd’hui d’un rationnel plus scientifique (2-4). Traitement le plus prescrit en pratique quotidienne lors de manifestations naso-sinusiennes, le lavage des cavités nasales doit être enseigné par le kinésithérapeute ou le médecin aux parents ainsi qu’aux enfants dès que l’âge le permet.
Il s’agit d’un soin qui doit répondre à des critères d’efficacité, qui ne consiste pas à mouiller une narine mais bien à laver les fosses nasales de l’enfant pour les libérer des sécrétions et rendre les VAS perméables. Il doit être bien toléré, sécurisé et reproductible. Le premier lavage de nez, comme tous les premiers soins, conditionne les suivants. La méthode de réalisation répond donc à un savoir-faire issu de l’expérience des soignants habitués à la prise en charge des maladies communes à la relation nez-bronches.
Le rôle du soignant est donc bien déterminé : il explique, il est éducateur thérapeutique, avec des objectifs cliniques clairs, tout en assurant la continuité des soins.
EN PRATIQUE
La réalisation du lavage des cavités nasales chez le jeune enfant nécessite de respecter plusieurs paramètres.
♦ Le moment : Le lavage de nez doit toujours être réalisé chez un enfant calme et éveillé, et à distance des repas.
♦ Le produit : Il doit être isotonique (eau de mer non diluée (100 %) – sérum physiologique (0,9 % NaCl)) ou légèrement hypertonique en cas de congestion importante (2-3).
♦ La fréquence : Elle dépend du degré et du niveau d’obstruction.
♦ Le volume : Le volume utilisé doit être adapté à l’âge de l’enfant, au volume de ses fosses nasales, ainsi qu’à son degré d’obstruction. Chez le nourrisson, un volume de 5 à 10 ml/narine peut être envisagé (4).
♦ La température : La solution utilisée doit être à température ambiante. Le contenant est réchauffé pendant quelques minutes dans les mains ou sous un jet d’eau chaude avant utilisation. La température assure le confort du soin.
♦ Les 5 étapes-clés :
• Étape 1 : L’enfant est couché sur le dos sur un plan incliné à 30°. Le tronc est donc légèrement surélevé par rapport au reste du corps.
• Étape 2 : La tête est tournée sur le côté en position de sécurité.
• Étape 3 : On lave la première cavité nasale. L’embout du pulvérisateur ou de la tête de la pipette de solution de lavage (placé dans la narine supérieure), doit être orienté à l’intérieur de la narine vers le bord interne de l’œil controlatéral. Le liquide doit ressortir en bas, par l’autre narine.
• Étape 4 : Pour le lavage de la seconde cavité nasale, la tête de l’enfant est tournée de l’autre côté.
• Étape 5 : Le processus est répété plusieurs fois par jour selon l'encombrement des fosses nasales.
Bibliographie
1. Haute Autorité de Santé. Recommandation de bonne pratique : Prise en charge du premier épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-11/hascnpp_br….
2. Bastier PL., Lechot A, Bordenave L, Durand M, de Gabory L. Nasal Irrigation: From Empiricism to Evidence-Based Medicine. A Review. Eur Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis. 2015 Nov;132(5):281-5.
3. Bonnomet A, Luczka E,Coraux C, de Gabory L. Non-Diluted Seawater Enhances Nasal Ciliary Beat Frequency and Wound Repair Speed Compared to Diluted Seawater and Normal Saline. Int Forum Allergy Rhinol. 2016;6(10): 1062–68.
4. de Gabory L, Kérimian M, Baux Y, Boisson N, Bordenave L. Computational fluid dynamics simulation to compare large volume irrigation and continuous spraying during nasal irrigation. Int Forum Allergy Rhinol. 2020;10(1):41-48.
Liens d'intérêts
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