Une récente revue de la Cochrane Library vient d’analyser l’efficacité des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) sur les symptômes de fibromylagie (1). Ainsi, la duloxetine et le minalcipran sont supérieurs au placebo sur plusieurs des symptômes qui affectent les malades. La méta analyse a porté sur dix études, toutes menées contre placebo, colligeant un total de 6038 participants. La moitié des études ont concerné la duloxétine, l’autre moitié exactement le minalcipran.
Ainsi, au terme de 18 mois de traitement, 29 % des patients souffrant de fibromyalgie observaient une réduction de moitié de leur score douloureux, contre 19 % des sujets sous placebo. Concernant les scores de qualité de vie, les malades sous IRSN évaluaient leur condition à 14 sur une échelle graduée de 0 à 100, contre 10 sur 100 chez ceux sous placebo. En revanche, sur le sommeil et la fatigue, les études n’ont pas mis en évidence de bénéfice des antidépresseurs. L’abandon de traitement était statistiquement plus important dans le groupe traité : 20% des participants ont interrompu les IRSN en raison d’effets indésirables (nausées, bouche sèche, constipation et céphalées) versus 10 % dans le groupe placebo.
› Rappelons que la fibromyalgie a longtemps été contestée en tant qu’entité pathologique autonome, souvent classée comme « psychosomatique ». Elle été décrite en 1977 par deux auteurs canadiens, Smythe et Moldofsky comme un syndrome associant douleurs diffuses chroniques, fatigue souvent intense et troubles du sommeil. Il a fallu attendre la décision de l’OMS en 2006 de l’identifier comme entité autonome dans la dixième révision de sa Classification internationale des maladies (CIM10). En France, en 2007, l'Académie nationale de médecine fut la première société savante à lui consacrer un rapport. La fibromyalgie est la pathologie douloureuse chronique diffuse la plus fréquente. Sa prévalence serait de 1,4 à 2,2 % dans la population générale. Elle touche une femme dans 8 à 9 cas sur 10. Près de 90 % des patients ont moins de 60 ans. En moyenne, les médecins généralistes voient moins de trois patients atteints de ce syndrome par an, les rhumatologues davantage (3). Les patients rapportent une asthénie dans 80 % des cas, des troubles du sommeil dans 75 % des cas, un dérouillage matinal dans 80 % des cas, des migraines ou céphalées de tension dans 50 % des cas, des troubles digestifs fonctionnels (30 %) (2).
› Cette étude de la Cochrane devrait contribuer à affiner les stratégies thérapeutiques. La synthèse du rapport d’orientation de la HAS de juin 2011 préconisait un premier niveau de prise en charge par les médecins généralistes essentiellement basé sur une hygiène de vie et des traitements symptomatiques. L’Eular (European ligue againt rheumatism) recommandait en 2006 une prise en charge multidisciplinaire, essentiellement non médicamenteuse. Seules molécules admises au traitement, les antalgiques (tramadol et paracétamol) et les antidépresseurs (ammitryptiline et IRSN) ainsi que certains agonistes D3.
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