J'EXPLIQUE
• Dans l’hyperactivité vésicale (HV), la vessie se trouve dans un état d’hyperexcitabilité. Commençant à se remplir, elle envoie un message au cerveau pour qu’elle se vidange. Les causes peuvent être diverses : neurologiques – problèmes de commandes de la vessie ; mais aussi locales, perturbant la vessie et sa paroi, etc. D’autres fois, on ne retrouve pas de cause.
• L’hyperactivité vésicale se définit par des urgenturies (avec une incontinence ou pas). Elles sont parfois associées à une pollakiurie (fréquence des mictions > 8/jour) et une nycturie (mictions nocturnes ≥ 2/nuit).
• La prévalence est plus importante chez les femmes que les hommes (9 à 43 % contre 7 à 27 %). Elle augmente avec l’âge.
• L’HV est assez souvent d’origine idiopathique, surtout chez la femme. Mais attention, des origines sous-jacentes doivent être recherchées (infection urinaire, maladie neuro-dégénérative, tumeur vésicale, calcul vésical, diabète mal équilibré…) et orientées en fonction des signes d’appel.
• Chez l’homme, en plus des pathologies citées ci-dessus, une HV est parfois liée à l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) obstructive et/ou irritative. La protrusion d’un lobe de la prostate vers la vessie ou l’hypertrophie du détrusor vont engendrer une HV. Cela nécessite des investigations et une prise en charge spécifiques.
JE MONTRE
J'INFORME
• Un calendrier mictionnel complété par le patient répertorie tous les événements urinaires sur au moins 48 heures, dont d’éventuels épisodes d’urgenturie et/ou de fuites urinaires, les heures de levers et couchers, avec les volumes de chaque miction (verre doseur). Ce tableau permet d’orienter le diagnostic et de mieux évaluer l’effet des traitements.
• Des examens complémentaires doivent être effectués : une bandelette urinaire (BU) pour rechercher une infection et une hématurie urinaire, complétée éventuellement par un ECBU.
• Certaines explorations peuvent être orientées selon les antécédents et l’examen clinique. Comme une fibroscopie vésicale pour la recherche et l’analyse d’une tumeur, une échographie réno-vésicale qui peut révéler un résidu post-mictionnel, une cytologie urinaire, ou un bilan urodynamique pour identifier une éventuelle cause neurologique.
• Chez l’homme, en plus du toucher rectal, un dosage de PSA et une échographie prostatique peuvent être envisagés.
JE PRESCRIS
• La prise en charge d’une HV dépend bien sûr de sa cause.
• En cas d’HV idiopathique, ou si malgré la prise en charge spécifique de la cause, des symptômes persistent, les premières mesures sont hygiéno-diététiques et la rééducation. La baisse d’une éventuelle surcharge pondérale, ainsi que la limitation de certains aliments comme la caféine et les piments doivent être envisagées. Des solutions comportementales sont aussi proposées : adaptation des apports liquidiens, mictions programmées/espacées. La rééducation doit être conduite par un kinésithérapeute disposant d’une bonne expertise de la périnéologie.
• Les médicaments anticholinergiques (oxybutynine, trospium, solifénacine, fésotérodine) sont indiqués en 2e intention en cas d’échec de la rééducation. Autre possibilité : un antispasmodique, agoniste des récepteurs β-3- adrénergiques (mirabegron) – actuellement non remboursé.
• Chez l’homme, en cas d’HBP avérée, le traitement peut débuter par les médicaments réservés à cette indication : les inhibiteurs de la 5-α-réductase qui diminuent le volume de la prostate ; les α-bloquants qui agissent sur le tonus de la glande ; le tadalafil 5 mg (PDE-5), et les extraits de plante. Ils peuvent être associés à des anticholinergiques. Si ces traitements s’avèrent insuffisants, une prise en charge chirurgicale de l’HBP doit être envisagée, pouvant alors solutionner l’HV.
• En cas d’échec des anticholinergiques, différentes autres solutions peuvent être envisagées – du ressort du spécialiste : la neurostimulation tibiale postérieure ; des injections intra-détrusoriennes (de 20 à 30) de toxine botulique au cours d’une cystoscopie ; ou encore la neuromodulation des racines sacrées.
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