Un accroissement préoccupant du refus de vaccination a été constaté en France depuis quelques années et ce consécutivement à plusieurs controverses : maladies neurodégénératives imputées à la vaccination contre l’hépatite B, plaintes pénales à propos d’effets secondaires attribués à la vaccination contre l’HPV, mise en cause de l’aluminium présent dans certains vaccins... Entre l’adhésion totale à la vaccination et l’opposition radicale à tout vaccin, le processus décisionnel de la population vis-à-vis de la vaccination est complexe. Promouvoir au mieux les politiques de prévention nécessite de comprendre le mécanisme de décision des individus.
› Une analyse des facteurs décisionnels à la vaccination (1), conduite par des chercheurs marseillais en association à l’Inserm, retrouve deux composantes majeures : la confiance et l’engagement. Aujourd’hui, la défiance à l’égard de la vaccination comme de la science en général n’est plus seulement liée à l’ignorance, au manque d’information et d’outils mais, plutôt, à une surmédiatisation d’informations officielles ou non officielles comme l’a montré l’engouement des internautes à une pétition d’un médecin en mai 2015 accusant les vaccins combinés d’être dangereux.
› L’essor de l’information numérisée est à double tranchant : les individus trouvent autant d’informations qu’ils veulent mais que vaut cette information ? Les sources de connaissances deviennent discordantes et l’on peut facilement tourner le dos à la preuve scientifique vers des données officieuses sans fondement. Or, comme le soulignent de nombreuses études, la confiance est une composante cruciale de l’acceptation des vaccins et son défaut tend à l’hésitation vaccinale. À cela s’ajoute un encouragement de la société contemporaine à devenir autonome, à utiliser les connaissances disponibles pour rester informé, à devenir acteur de sa propre santé.
› Cette caractéristique de nos sociétés encore nommée « santéisme » incite donc l’individu à s’engager activement dans les choix sur sa santé. N’existe-t-il pas alors un paradoxe entre l’incitation à l’information active et l’imposition de politiques de santé ? De fait, un lien entre engagement et hésitation vaccinale a été observé par de nombreuses études rapportant un renoncement plus important à certains vaccins chez des parents plus attentifs à la santé de leurs enfants que chez les autres. Or une prise d’autonomie dans les comportements de santé remet en cause la confiance aveugle aux autorités médicales. Ainsi, de l’engagement incité par les politiques de santé et de la défiance à l’égard des autorités médicales naît l’hésitation vaccinale. Devrons-nous un jour faire marche arrière dans la libre décision vaccinale comme il est actuellement question dans un nouveau projet de loi en Californie tendant à limiter les possibilités d’exemption à la vaccination, notamment les critères religieux et les convictions personnelles ?
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