On estime que d’ici 2035, 13 % des sujets de plus de 65 ans seront affectés d’arthrose. L’atteinte des membres inférieurs, et particulièrement des genoux, peut être à l’origine d’une incapacité importante et d’une dégradation de la qualité de vie. Les traitements médicamenteux ne sont pas dénués de risques, notamment cardiovasculaires, et toutes les mesures non pharmacologiques doivent être utilisées en première intention pour réduire la morbi-mortalité de l’arthrose. L’éducation et l’information des patients, la kinésithérapie, les exercices d’auto-rééducation, l’économie articulaire, la réduction pondérale, les orthèses et les aides techniques doivent être des mesures prioritaires. Une collaboration effective entre professionnels de santé est primordiale et doit avoir pour objectif final une implication active et prolongée du patient.
INFORMATION DU PATIENT ET ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
Les recommandations américaines et européennes ACR et EULAR (1) font clairement apparaître la nécessité d’une information et d’une éducation du patient pour agir sur la perception de la douleur, la fonction articulaire et le “self management”. Le but est d’impliquer le gonarthrosique dans sa prise en charge. Les moyens font appel à des livrets, des séances éducationnelles de groupe et des contacts téléphoniques.
EXERCICES PHYSIQUES
Une revue de 54 études par Fransen M. et Coll. (8) pour la Cochrane en 2015 fait apparaître un bénéfice sur la douleur des exercices à sec, qui peut persister jusqu’à six mois. L’effet sur la fonction articulaire est plus modeste, mais reste comparable à celui des AINS (sans les effets indésirables). Les exercices recommandés sont les contractions isométriques quotidiennes, le renforcement isotonique bi-hebdomadaire du quadriceps, les activités aérobies en décharge partielle (vélo, natation), le travail musculaire en eau chaude. Les programmes sont enseignés par le kinésithérapeute puis pratiqués régulièrement par les patients.
RÉDUCTION PONDÉRALE
Il existe une relation certaine entre surpoids et gonarthrose. Une prise de poids augmente le risque d’arthrose de 36 % par tranche de 5 kg. Abu-Abeid et Coll. (2) ont montré, à l’inverse, qu’une perte moyenne de 6,3 kg/m2 entraîne une augmentation d’épaisseur du cartilage articulaire de 4.6 à 5,25 mm. Des programmes conjoints diététiques et d’exercices sur six mois entraînent une diminution de la douleur de 30 % et l’incapacité fonctionnelle de 13 % (3).
ÉCONOMIE ARTICULAIRE ET AIDES TECHNIQUES
Ces mesures consistent à éviter les contraintes prolongées ou répétitives sur le genou arthrosique : adopter les positions permettant le repos articulaire, soulager les articulations et adapter le travail en fonction de la fatigabilité du patient arthrosique. Les aides techniques pourront être une canne à porter du côté sain, un déambulateur en cas d’atteinte arthrosique bilatérale, des orthèses plantaires pour déporter les contraintes sur le compartiment articulaire non arthrosique, les contentions souples ou rigides du genou. Les orthèses plantaires pronatrices permettent de limiter la consommation d’AINS dans la gonarthrose fémoro-tibiale interne (4). Les orthèses rigides en néoprène ou articulées permettent d’obtenir, à six mois, une amélioration significative de la douleur à la marche et à la montée des escaliers (5).
MOYENS PHYSIQUES ET STIMULATION ÉLECTRIQUE
Le chaud et le froid peuvent être utilisés pour la préparation aux exercices musculaires. La stimulation électrique transcutanée (TENS) a démontré un effet antalgique chez des patients candidats à la chirurgie mais ne pouvant être opérés du fait de lourdes comorbidités (6).
ACUPUNCTURE
Son usage a été validé par l’ACR pour le traitement non pharmacologique de la gonarthrose. L’amélioration est significative, uniquement à court terme, sur la douleur et la fonction du genou. La technique est dénuée de tout effet secondaire et ne présente aucune contre-indication.
THERMALISME
Les cures thermales ont un effet antalgique avéré, persistant pendant plusieurs mois. L’étude française multicentrique Thermarthrose (7) a démontré que la cure apporte une amélioration supérieure, sur la douleur et la fonction, aux soins dispensés en médecine de ville.
Bibliographie
1- Hochberg MC et al. Arthritis Care Res 2012; 64: 465-74
2- Abu-Abeid S et al. Obes Surg 2005; 15: 1437-42
3- Messier SP et al. Arthritis Rheum 2004; 50: 1501-10
4- Gelis A. Rev Rhum 2008; 75: 1255-63
5- Kirkey A et al. J Bone Joint Surg 1999; 81: 539-48
6- Johnson MI et al. Pain Reviews 2001; 8: 121-58
7- Groupe Thermarthrose. Annals Rheum Dis 2010; 69: 660-5
8- Fransen M, McConnell S. Exercise for osteoarthritis of the knee. Cochrane Database of Systematic Reviews 2008, Issue 4. Art. No.: CD004376. DOI: 10.1002/14651858.CD004376.pub2
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