Aujourd’hui, la détection d’un cancer de la prostate n’équivaut pas à proposer systématiquement un traitement. La bonne question à se poser à ce moment-là est de savoir si ce cancer est susceptible de raccourcir la vie du patient.
Une étude récente a montré que le dépistage systématique à 50 ans permet de réduire la mortalité de 50 % au bout de 14 années de suivi (1). Elle a également démontré que la surveillance active du PSA après le diagnostic de cancer de la prostate est possible dans 44 % des cas et que cette surveillance n’est suivie d’aucun traitement dans 29 % des cas.
Mais peut-on éviter de traiter inutilement plus de patients encore ? Existe-t-il un seuil de PSA en dessous duquel on peut s’abstenir de surveiller et de traiter ?
Une étude new-yorkaise, issue d’un travail épidémiologique suédois, apporte un éclairage nouveau sur la valeur prédictive à long terme des taux les plus bas de PSA (2). Réalisée sur 1 167 hommes, elle montre qu’un taux de PSA ≤ 1 ng/ml à l’âge de 60 ans permet de prédire l’absence de cancer évolutif et de décès lié à ce cancer dans les 25 années suivantes à plus de 99 %. La moitié des hommes de 60 ans entre dans cette catégorie. En revanche, il est nécessaire de suivre les hommes dont le taux de PSA à 60 ans est › 1 ng/ml.
Ces résultats signifient qu’il n’existe quasiment aucun risque vital pour un homme de 60 ans ayant un taux de PSA ≤ 1 ng/ml. En conséquence aucun suivi n’est nécessaire pour ces patients, le risque de surdiagnostic et de surtraitement disparaissant en même temps. Lorsque le taux de PSA à 60 ans est ≥ 2 ng/ml le risque de décès par cancer de la prostate est 26 fois plus important que pour un taux de PSA < 2 ng/ml. En pratique, en informant les patients de l’absence de risque pour un taux de PSA ≤ 1 ng/ml, ces résultats pourraient permettre de diminuer le nombre de dosage de PSA inutiles après l’âge de 60 ans et d’améliorer le rapport bénéfice /risque du dépistage. Finalement la moitié au moins des hommes de 60 ans pourrait se passer de suivi après un premier dosage du PSA. Cette conclusion apporte de l’eau au moulin de la HAS qui jusqu’à présent n’a pas recommandé le dépistage de masse systématique du cancer de la prostate par le dosage du PSA. Elle va aussi permettre à l’Association Française des Urologues d’affiner davantage ses recommandations. L’avenir nous dira quelle attitude adopter pour les hommes ayant un taux situé entre 1 et 2 ng/ml, s’il existe des seuils et des conduites de surveillance différents en fonction des ethnies (le risque est plus élevé chez les hommes à peau noire), s’il est possible de prédire le risque à long terme dans des populations d’hommes de moins de 60 ans, si les biomarqueurs permettent de diminuer le nombre de biopsies…
1- Hugosson et al. Mortality results from the Göteborg randomised population based
prostate-cancer screening trial. The Lancet oncology Publié en ligne le 1 juillet 2010. www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(10)70146-7/abst…
2- Vickers A.J. et al. Prostate specific antigen concentration at age 60 and death or metastasis from prostate cancer: case-control study BMJ online septembre 2010
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