Cet automne, à l’approche de la saison des rhumes et autres infections virales des voies aériennes supérieures, des institutions sanitaires, des sociétés savantes, voire des organismes dédiés à la défense des consommateurs se mobilisent pour mieux informer patients et professionnels de santé des risques liés à l’utilisation des décongestionnants nasaux contenant des vasoconstricteurs, dont certains sont disponibles sans ordonnance.
Par exemple, dans la continuité d’un dispositif déjà mis en place fin 2019, l’ANSM a mis à disposition du grand public un document précisant les effets indésirables et les précautions d’emplois des spécialités contenant de la pseudoéphédrine. Cette fiche intitulée Vous avez un rhume, que faire ? pourra, comme l’année dernière, être remise aux patients « lors de la délivrance d’un médicament vasoconstricteur par voie orale », précise l’agence.
De même, mi-octobre, une étude menée par 60 millions de consommateurs et la revue Prescrire sur « 60 médicaments […] fréquemment employés pour aider à soulager des maux du quotidien » attirait l’attention du grand public sur les effets secondaires des vasoconstricteurs non soumis à prescription obligatoire. « La pseudoéphédrine, destinée à atténuer des symptômes du rhume, peut entraîner parfois des problèmes cardiovasculaires », alertait en effet le magazine de défense des consommateurs.
Mais c’est un rapport des Académies nationales de Médecine et de Pharmacie destiné aux professionnels de santé et consacré à la prise en charge du rhume qui fournit l’information la plus complète et la mieux documentée sur le rapport bénéfice/risque défavorable de ce type de décongestionnants nasaux.
Des effets indésirables graves pour des bénéfices mineurs
Ces médicaments, modérément efficaces contre l’obstruction nasale, peuvent en fait provoquer des effets indésirables graves susceptibles de survenir à tout âge, indiquent les auteurs de ce rapport. Si, d’après une méta-analyse de 15 essais cliniques, l’effet de ces médicaments apparaît seulement « faible » sur l’obstruction nasale, d’autres études auraient en effet montré que ces vasoconstricteurs, en particulier ceux administrés par voie orale, sont à l’origine d’infarctus du myocarde et de troubles du rythme, d’accidents vasculaires cérébraux ischémiques ou hémorragiques, de troubles convulsifs, de poussées hypertensives sévères, de colites ischémiques, de tachycardies supraventriculaires.
D’autres médicaments du rhume à éviter
Les décongestionnants ne seraient pas les seuls médicaments utilisés dans le traitement du rhume à présenter un rapport bénéfice/risque défavorable. D’après les auteurs du rapport, les corticoïdes locaux ou par voie générale ainsi que les anti-histaminiques H1 n’apporteraient en effet pas d’effets bénéfiques importants sur l’amélioration des symptômes du rhume mais provoqueraient divers effets secondaires bien connus. De même, les antibiotiques « confèrent un bénéfice thérapeutique modeste tout en pouvant induire des effets indésirables », rappelle le rapport : ils doivent être réservés aux patients « ayant une haute probabilité d’infection bactérienne », insistent les académiciens.
Au total, seuls deux types de médicaments pourraient présenter un intérêt dans le traitement des rhumes d’origine virale : les anti-inflammatoires non stéroïdiens, efficaces sur les symptômes généraux du rhume, et l’ipratropium intranasal, utile contre la rhinorrhée et associé à des effets indésirables peu inquiétants (sécheresse nasale, légères épistaxis). À noter que « les faibles preuves attestant de [l'efficacité du lavage des cavités nasales au sérum physiologique] ne permettent pas d'établir une recommandation » malgré le caractère « peu risqué » de ce type de traitements.
S’il convient donc de réduire l’utilisation de médicaments dans la prise en charge du rhume, reste à savoir si l’information des patients, des prescripteurs et des dispensateurs est suffisante pour faire évoluer les pratiques. Dans le doute, les Académies de Médecine et de Pharmacie plaident notamment en faveur de la prescription médicale obligatoire pour les décongestionnants nasaux, d'une clarification des recommandations et de l'abandon du terme peu précis de "rhume", remplaçable par celui d'infection virale des voies aériennes supérieures (IVVAS).
Mise au point
Le suivi des patients immunodéprimés en soins primaires
Etude et pratique
Mesure de la PA, la position du patient est importante
Cas clinique
Le papillome intracanalaire
Recommandations
Prise en charge des pneumonies aiguës communautaires