« L’avis que nous présentons aujourd’hui élargit fortement le dispositif de test », s’est félicitée le Pr Dominique Le Guludec en présentant ce vendredi la position de la HAS sur la place des tests antigéniques rapides (sur prélèvement nasopharyngé) dans la stratégie de détection du SARS-CoV-2. Malgré les doutes émis par certaines équipes hospitalières récemment, l’institution leur ouvre grand la porte, que ce soit à visée diagnostique ou en dépistage ciblé pour débusquer les clusters. « Le but est d’être capable de tester plus de personnes et plus vite », assume la présidente de la HAS. Car s'ils sont moins fiables que les tests RT-PCR (qui restent la référence), les tests antigéniques sont faciles à réaliser et capables de donner des résultats en moins de 30 minutes.
Un large usage chez les patients symptomatiques
Chez les sujets symptomatiques, l’autorité avait déjà donné son feu vert à leur utilisation à visée diagnostique. Le nouvel avis précise les choses.
« Dès lors que le résultat du test RT-PCR ne peut être obtenu dans un délai de 48 heures », la HAS recommande « de réaliser un test antigénique dans les 4 premiers jours après l’apparition des symptômes ». Par rapport à sa première copie, la HAS restreint donc de 7 à 4 jours la fenêtre d’utilisation des tests antigéniques, de nouvelles données ayant montré une diminution nette de la sensibilité à partir du 5e jour.
Compte tenu de la spécificité élevée des tests antigénique, « il n’est pas nécessaire de confirmer un résultat positif par un test RT-PCR », précise la HAS. De même en cas de test négatif, aucun contrôle PCR n'est préconisé en l’absence de facteurs de risque de formes graves, les faux négatifs éventuels correspondant à des patients « qui présentent des charges virales plus basses et ont donc un potentiel de contamination plus limité », rassure Dr Cédric Carbonneil, chef du service d'évaluation des actes professionnels de la HAS.
En revanche, en cas de tests négatifs, la HAS préconise de confirmer les résultats par RT-PCR pour les patients à risque de forme grave (patients de plus de 65 ans ou présentant au moins un facteur de risque, tel que défini par le HCSP). L’enjeu est de s’assurer de ne pas avoir de faux négatifs chez ces patients vulnérables afin qu’il n’y ait aucune perte de chance. Comme elle l’avait déjà fait dans des travaux antérieurs, la HAS recommande par ailleurs que ces personnes consultent leur médecin dès l’apparition des symptômes afin de mettre en place une surveillance renforcée et une prise en charge optimale.
Débusquer les clusters
Pour les personnes asymptomatiques, la HAS reconnaît l’intérêt des tests antigéniques dans le cadre d’opérations de dépistage à large échelle pour débusquer des foyers d’infection en ciblant des populations au sein desquelles le risque d'infection est plus important qu’en population générale (universités, abattoirs, etc.). « Dans ces cas-là ce qui est essentiel c’est de déterminer très vite si oui ou non on est face à un cluster et là le test antigénique est très utile », indique le Pr Le Guludec.
En revanche, pour les personnes sans symptôme mais identifiées comme sujets-contacts isolément ou au sein d’un cluster, « en l’état actuel des connaissances, la HAS ne dispose pas encore des données nécessaires pour recommander l’utilisation de tests antigéniques ». Pour le moment la RT-PCR reste donc préconisée dans cette situation. Cependant plusieurs études en cours devraient apporter prochainement des réponses à ces questions et pourraient changer.
D’ores et déjà, « on élargit beaucoup les possibilités d’utilisations des tests antigéniques » résume le Pr Le Guludec, sous réserve d'utiliser des tests qui répondent aux performances minimales fixées par la HAS (sensibilité > 80 % et spécificité > 99 %).
À ce stade, les tests antigéniques se font uniquement sur prélèvements nasopharyngés mais d’autres types de prélèvements (salivaires, sanguins) sont à l’étude et « nous surveillons toutes les recherches cliniques en cours et les publications sur ce sujet », indique Cédric Carbonneil.

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